Archives mensuelles : février 2013

Les Pousse-Pierres, d’Arnaud Duval

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Les Pousse-Pierres , d’Arnaud Duval, (one shot, éditions du Riez)

Peut-on éternellement vivre sous la coupe d’une puissance sans jamais vouloir renverser la situation ?
A l’heure où l’Humanité se développe essentiellement en dehors de la Terre, devenue obsolète et malade, les populations nouvelles cohabitent dans une harmonie relative. Il y a les Spatieux, habitants de vaisseaux spatiaux, et les Lagrangiens, évoluant dans une gigantesque station spatiale. Les Terriens n’ont plus leur mot à dire et se voient de plus en plus dépendant des Lagrangiens. Cette situation ne peut plus durer.
Richard, un adolescent terrien, doit fuir avec ses parents dans une capsule en toute clandestinité. Mais pourquoi ? Et pour aller où ? Le jeune homme n’a pas non plus son mot à dire et sa vie ressemble de plus en plus à un jeu dont il n’est pas le maître.
De son côté, la jeune Maureen échappe de peu à la mort suite à l’accident de son vaisseau spatial. Ses parents laisseront leur vie pour quelle survive. Mais à quel prix ? Condamnée à vivre 2 ans au service des Spacieux qui l’ont recueillis, Maureen compte bien faire toute la lumière sur cet accident qui ressemble de moins en moins à un coup du sort…

Nous avons découvert Arnaud Duval avec ce roman de Science-fiction. Nous sommes habitués au niveau de qualité des publications des Éditions du Riez et cet ouvrage n’y a pas fait défaut.
Dans ce texte, l’auteur a su créer un monde crédible et des personnages attachants. Nous sommes plongés rapidement au coeur de l’histoire qui se déroule sous nos yeux sans longueur.
Plus d’une fois nous avons tourné les pages avec avidité, voulant connaître la suite.
Le récit va de rebondissement en rebondissement si bien qu’il n’est pas aisé de savoir comment tout cela va se terminer. La fin reste un peu facile, mais ce n’était pas gagné d’avance ! Arnaud Duval nous montre que l’espace est un monde où il faut se battre en permanence pour obtenir un semblant de paix.
L’histoire est décomposée en deux trames séparées qui finiront par se rejoindre. On a d’un côté Richard, sa fuite, son intégration et ses amours et de l’autre Maureen, son sauvetage et ses déboires au sein de l’Améthyste, le vaisseau qui l’accueille. On doit reconnaître que notre attachement n’a pas été le même pour les deux personnages. Est-ce un choix de l’auteur ? Toujours est-il que Richard est mis en valeur, plus exposé, tandis que Maureen s’enferme dans une asociabilité préjudiciable. Oui nous nous y attachons car elle est un personnage central, mais nous avons pris plus de plaisir à lire l’histoire de Richard.
Maureen, de par son côté rebelle et son obligation de vivre sur un vaisseau, nous a fait penser à l’héroïne de Scott Westerfeld dans la série Léviathan. Et le livre en lui-même, par plusieurs aspects, nous y a fait penser (bien que ce ne soit certainement pas voulu, les deux ouvrages n’ayant absolument pas le même public).
Les autres personnages sont plus secondaires bien que certains ont plus de charisme que d’autres. On notera la prestation des robots Beppy et Dinah, forme traditionnelle du compagnon mécanique qui accompagne généralement les héros de SF.
Ce que l’on peut reprocher au livre ? Pas grand chose, les amateurs de SF seront certainement convaincus par les bases réelles et scientifiques utilisées par l’auteur. Les autres seront peut-être un peu perdu dans le vocabulaire parfois technique de certains passages. On parle en effet non seulement de théories scientifiques mais aussi (et surtout) de langage informatique poussé, surtout vers la fin. Cela peut laisser échapper certaines subtilités du texte pour peu que l’on ne maîtrise pas l’ensemble du vocabulaire technique.
Cela dit trouver du vocabulaire aussi technique dans un roman de SF n’est pas inhabituel et ne devrait pas surprendre les amateurs du genre.
Le style de l’auteur est quant à lui plutôt agréable à lire. Nous avons eu un peu de mal à entrer dans le texte au départ à cause de la longueur de certaines phrases mais on sent que l’auteur s’est détendu par la suite et maîtrise beaucoup mieux sa plume passé quelques chapitres. Il devient ensuite très plaisant de le lire.
Avec les Pousse-Pierres, Arnaud Duval a su créer un univers bien construit et divertissant. Un bon roman servi par une jolie couverture. Un récit à ne pas manquer aux Éditions du Riez.

Pour qui : Les lecteurs de SF, et ceux qui ont aimé Léviathan, de Scott Westerfeld.

Les + : Un univers bien construit, une histoire originale et des personnages travaillés. La plume de l’auteur devient plus légère au fil du roman et est un plaisir à lire. Le suspens est également au rendez-vous puisqu’il est impossible de connaître la fin de l’histoire avant la dernière page.

Les – : Le vocabulaire parfois très technique qui peut perdre les lecteurs les moins connaisseurs en technologie informatique. Certaines subtilités de l’oeuvre peuvent alors échapper à la lecture.

Infos pratiques :

Collection : Brumes Etranges
Date de parution : Disponible
Format : 14 x 20 cm – 480 pages
ISBN : 978-2-918719-15-1

Interview de Christian Eychloma

Christian-Eychloma
Parmi tous les romans de SF figurants sur le site, Christian Eychloma se distingue avec ses ouvrages emprunts d’un réalisme surprenant. Son dernier titre Mon Amour à Pompéi, a même été un coup de coeur et nous avons voulu en savoir plus sur cet auteur qui a cédé à l’appel de la plume sur le tard.
Cette interview a été réalisée en Février 2013 pour Limaginaria.wordpress.com

Felixita : Bonjour Christian ! Pour commencer, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Christian Eychloma : Elodie bonjour !

Je suis depuis peu à la retraite après une trentaine d’années de bons et loyaux services dans l’industrie aéronautique.  J’ai eu la chance, au cours de ma vie active, de pouvoir suivre de très près la spectaculaire évolution des techniques liées au traitement de l’information. Je me suis toujours passionné pour les sciences, surtout pour la physique.  Et ceci pas uniquement  pour les perspectives (bonnes ou mauvaises…) qu’elles nous ouvrent  mais aussi pour ce qu’elles peuvent nous apporter au niveau de notre compréhension du réel.

J’ai beaucoup lu et j’ai beaucoup rêvé… J’ai rêvé de l’avenir et de ses incroyables promesses technologiques, et j’ai rêvé du passé en imaginant  que nous puissions un jour fidèlement le restituer. J’ai rêvé de celles et ceux qui ont patiemment posé les jalons de notre marche vers la modernité et de celles et ceux qui construiront notre futur.

Bref, je suis un imaginatif qui a dû trop longtemps se contraindre à garder les deux pieds dans la réalité de tous les jours… Alors, quand l’heure de la retraite a sonné, je me suis attaqué à mon premier roman de science-fiction !

 

F : A la fois scientifiques et divertissants, on peut caractériser vos romans par un mot : Intelligents. Dans quel style de littérature placez-vous vos récits ?

CE : Merci pour le compliment !

Je pense pouvoir considérer mes romans comme de la « hard-fiction » (conquête spatiale, robotique, vie artificielle, réalité virtuelle…). Qu’il s’agisse d’anticipation ou de voyages temporels, je m’attache en effet à imaginer des récits cohérents  dans un environnement technologique suffisamment déroutant mais qui ne doit jamais en principe être en contradiction avec nos connaissances scientifiques actuelles.

Il s’agit certes d’un exercice un peu difficile qui  oblige à respecter le bon équilibre entre la description de ce à quoi le lecteur aurait du mal à adhérer et de ce qui ne présenterait plus d’intérêt pour un amateur de science-fiction.   En somme, savoir surprendre en évitant d’aller trop loin…

 

F : Qu’est-ce qui déclenche en vous l’envie d’écrire un nouveau titre ?

CE : Comme vous l’avez mentionné dans vos aimables chroniques, j’essaie de faire en sorte que mes romans véhiculent quelques « messages ». Autrement dit, je n’écris pas uniquement pour distraire le lecteur, mais aussi pour l’inciter à réfléchir. Pour tenter de le faire « cogiter » sur l’avenir de nos sociétés, compte tenu de ce que nous sommes et des moyens dont nous pourrions disposer à plus ou moins brève échéance.

Voilà ce qui me motive et m’amène à me lancer dans un nouveau roman : faire partager mes interrogations.  Mes histoires sont donc un peu destinées à  suggérer des pistes de réflexion  issues de mes propres questionnements !

 

F : Quelle(s) démarche(s) effectuez-vous avant de vous lancer dans l’écriture d’un nouveau titre ? Vous documentez-vous ? Faites-vous des déplacements ? Autre chose ? Comment se passe la genèse de vos romans ?

CE : Je réfléchis ! Mais ni trop ni trop longtemps, sachant que n’importe quel beau scénario a toutes les chances d’être quasiment abandonné au tiers du récit… Car il est connu que les personnages d’un roman finissent toujours par « prendre le contrôle » et tenir la main du romancier !

Par contre, une fois choisis le thème, le lieu et l’époque,  je passe pas mal de temps à me documenter.  Je considère cette phase initiale comme absolument essentielle pour la crédibilité de ce que je m’apprête à écrire. Pour mon premier roman, « Que le diable nous emporte », je me suis replongé dans la physique relativiste, la cosmologie et la biologie. Pour mon second, « Mon amour à Pompéi », la physique quantique et l’histoire du monde romain du premier siècle après Jésus Christ…

 

F : Après avoir écrit votre première série « Que le Diable nous Emporte », comment s’est passée la recherche d’un éditeur ? Comment avez-vous fait vos choix ?

CE : Je crois avoir suivi le parcours classique de tout écrivain débutant qui s’adresse en priorité aux grandes maisons d’édition avant de comprendre que ses chances d’être ainsi édité sont quasi nulles. Je me suis ensuite « rabattu » sur de plus petits éditeurs dont Chloé des Lys faisait partie, en espérant qu’eux accepteraient plus volontiers de prendre le risque de publier un premier roman. Et la chance m’a souri…

 

F : Comment sont réalisées les couvertures de vos romans ? Donnez-vous des instructions précises aux illustrateurs/graphistes ou bien leur donnez-vous carte blanche ? Quel regard l’éditeur a-t-il sur ces réalisations ?

CE : Je m’adresse à une des deux illustratrices qui travaillent bénévolement chez Chloé des Lys. Je lui fournis par contre une idée assez précise de ce que je souhaite, ainsi qu’une première  ébauche réalisée par mon épouse qui suit tout ça de très près ! On me fait parvenir une première couverture  pour avis, couverture que j’accepte si je suis satisfait ou que je refuse dans le cas contraire, auquel cas on recommence. Il s’agit donc d’un travail coopératif (et itératif !) entre l’auteur et l’illustrateur…

 

F : Quel accueil le public réserve-t-il généralement à vos œuvres ? Avez-vous déjà participé à des manifestations littéraires ?

CE : Je n’écris pas depuis très longtemps et n’ai donc pas suffisamment de recul mais j’ai l’impression que la plupart des lecteurs aiment mes romans. Ils les apprécient tout en les jugeant différents de ce que l’on trouve habituellement dans ce genre littéraire. Ils trouvent mes histoires plausibles tout en étant originales, ce qui me comble de satisfaction puisque c’est un peu l’objectif que je m’étais fixé.

Pour les salons littéraires ou autres « foires aux livres », je me suis jusqu’à présent assez peu investi puisque je n’ai participé qu’à une expo organisée par la bibliothèque de ma commune ! Par paresse, je présume. Je vais sans doute devoir me secouer un peu…

 

F : Quels auteurs ou romans vous ont donné l’envie d’écrire, et pourquoi ?

CE : J’ai lu beaucoup de science-fiction et ne citerai pas tous les auteurs qui m’ont inspiré et fait rêvé. Certains ont sans doute eu sur moi plus d’influence que d’autres, comme Isaac Asimov et ses robots, René Barjavel et son angoisse devant une technologie que l’homme ne maîtriserait plus ou, plus récemment, Michael Crichton. J’ai bien aimé « Jurassic Park » et « Prisonniers du temps » tout en déplorant quelques invraisemblances et la tendance bien américaine des courses-poursuites qui n’en finissent pas…

 

F : Enfin, quels sont vos projets pour l’année à venir ?

CE : Eh bien… J’ai écrit un troisième roman (un nouveau roman d’anticipation) dont le manuscrit a été envoyé début octobre à divers éditeurs, dont Chloé des Lys, bien entendu.  Il me reste donc pour le moment à attendre en « croisant les doigts », tout en commençant à réfléchir sur le prochain ouvrage.

Et le prochain dépendra de l’accueil réservé par mes lecteurs aux précédents. Je n’ai encore aucune idée bien précise, mais si « Mon amour à Pompéi » rencontrait un franc succès, je serais peut-être tenté d’écrire une suite. Mais chut…

 

Retrouvez Christian Eychloma sur son blog : http://futurs-incertains.over-blog.com/

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