Coup de Pouce, de Jean-Michel Calvez

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Coup de pouce, de Jean-Michel Calvez (recueil, éditions Lune Ecarlate)

Coup de pouce est un recueil composé de sept nouvelles SF signées de l’auteur Jean-Michel Calvez et préfacé par Marc Bailly.

En ce qui concerne les recueils de nouvelles d’un même auteur, je fais une chronique de l’ensemble et non au titre par titre comme c’est le cas pour les anthologies.
J’ai découvert Jean-Michel Calvez et sa plume grâce à ce recueil dont l’ambiance générale m’avait attirée. On pourrait beaucoup parler des histoires contenues à l’intérieur, car elles sont assurément recherchées. Les idées exprimées et les concepts évoqués sont tout simplement prenants. L’auteur nous emmène à nous poser des questions, particulièrement dans la nouvelle éponyme « Coup de Pouce« , où est amené les questions sur le droit de choisir la vie à sa naissance, la conscience du fœtus, la liberté de pensée et de disposer de son corps. Une nouvelle qui à coup sûr marquera mon esprit tant par ce qu’elle dégage comme idées mais aussi comme émotions.
Ce recueil de textes SF m’a transporté au-delà des frontières habituelles. Ne vous attendez pas à trouver ici planètes, extra-terrestres et vaisseaux spatiaux mais plutôt des écrits proches de l’anticipation. Les nouvelles flirtent entre l’anticipation, le fantastique et la SF, tout en amenant le lecteur dans des situations crédibles où il devra se poser des questions. Une lecture enrichissante comme je les aime !
Cependant, un point m’a vraiment gênée : les explications pré-textes.
Cela m’a beaucoup gêné pour plusieurs raisons. Premièrement parce que je n’aime pas que l’on décrypte un texte avant que je l’ai lu. Cela parasite mon propre jugement, interfère avec mon ressenti et surtout brouille totalement ma compréhension. Aurais-je compris le texte sans les explications fournies ?
Ensuite cela me donne l’impression que l’auteur justifie ses écrits, voire les excuses. Plusieurs textes nous sont ainsi présentés comme étant des textes refusés lors d’appels à textes. Et alors ? J’ai eu l’impression que Jean-Michel Calvez n’assumait pas pleinement tous ces récits, ce qui est dommage car ils sont bons. De ce fait, cela amoindrie inconsciemment la qualité des textes. On se dit qu’on nous les présentes là comme des rebuts, des textes contenant des malfaçons qui n’étaient pas suffisamment bons pour une publication à l’origine, un peu comme les meubles d’usines qui présentent tous des défauts malgré leur bon état de marche. C’est la première fois que je vois ceci dans un ouvrage et à mon sens c’est une erreur. Peut-être que cela aurait mieux été en fin de textes ou de roman, mais pas au début. J’ai l’impression de n’avoir plus beaucoup de chose à dire sur les nouvelles à cause de cela et c’est une sensation plutôt frustrante.

Pour qui : Les lecteurs qui aiment les recueils de nouvelles, la SF et les textes qui amènent à se poser des questions.

Les + : Des idées originales portées par une plume fluide, le lecteur est amené à réfléchir sur des sujets qui pourraient être actuels et à se forger une opinion. Un recueil qui va au-delà de la simple narration et entraîne une véritable réflexion sur l’humain et sa condition.

Les – : Les explications pré-textes qui gâchent le plaisir de lecture et de découverte, en plus de dévaloriser les récits.

Infos pratiques

Collection : Semitam Tenebris/Science-Fiction – Tout public
Illustrateur : Nathy
Préface : Marc Bailly
ISBN : 978-2-36976-041-2
Date de sortie : 16 février 2014
Format : Ebook (epub, mobi et pdf)

3 Commentaires

  • bonjour,
    de même que la préface, le procédé de rédiger une intro par texte est assez courant (même si dans le cas présent, cela a été souhaité par l’éditeur). On peux citer l’intégrale Silverberg chez Flammarion, ou l’immense anthologie thématique au Livre de Poche, dans les années 70/80 (textes introduits par l’anthologiste dans ce second cas)
    Je pensais que cela pouvait apporter un « bonus » au lecteur, de disposer d’éléments de source directe sur la genèse d’un texte. Les lecteurs aiment souvent disposer d’infos en « backdoor » (et ceux qui n’en ont pas besoin peuvent zapper, après tout, comme le choix de lire ou non le résumé d’un film (voire sa chronique) avant d’aller le voir au cinéma…

    Je m’aperçois que tout ça est aussi une question goûts, au final. Je peux le comprendre

    amicalement,
    J.M. Calvez

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    • Bonjour Jean-Michel et merci pour ces précisions. 🙂
      Aucun choix n’est gratuit en littérature et je vous remercie pour ces explications qui justifient le vôtre au sujet des introduction.
      En effet c’est une question de goût qui est très subjective. Personnellement j’accorde de l’importance à l’ensemble des ouvrages et je lis donc tout ce que l’auteur me propose, y compris les introductions. Certes on n’est pas obligé de lire, mais cela fait partie de l’oeuvre et il serait dommage de ne lire que ce qu’on a envie au risque de passer à côté de ce que l’auteur a voulu nous transmettre.
      C’est pourquoi je lis toujours tout dans son ensemble et c’est ainsi que je chronique les romans.
      Je vous souhaite un bon week-end. A bientôt pour d’autres lectures.
      Elodie

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      • bonjour Elodie
        je me sens tenu de réagir sur un point crucial (en tant qu’auteur). Non, pour moi une intro, tout comme une quatrième de couv, la couv elle même, le choix du papier, etc. ne font pas partie de l’oeuvre mais uniquement du « produit-livre » (voire du livre numérique, ici). Car ils n’existent pas au moment de la création/écriture de l’oeuvre proprement dite et, la plupart du temps, le format et toutes les options liées au produit sont décidées unilatéralement par l’éditeur (il faut en croire mon expérience d’auteur !)
        Juste un exemple : sur une bonne moitié de mes romans publiés, je n’ai pas eu accès à la quatrième de couverture (pas même pour la corriger après sa rédaction par l’éditeur). En tant qu’auteur, je ne peux donc que refuser que cette rubrique placée en fin de livre, à but purement commercial, fasse partie de, ou soit associée à « mon » oeuvre, vu le peu de droit de regard ou de contrôle de l’auteur sur son contenu.
        Ici, je plaide bien entendu coupable, pour avoir « accepté » de rédiger ces intros. Cela dit, pour moi, elles font partie du « produit » (objet), et non pas de l’oeuvre.

        amicalement
        JM Calvez

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