Anno Dracula, de Kim Newman

Anno Dracula, de Kim Newman (tome 1 de la série Anno Dracula, éditions Bragelonne)
Des prostituées sauvagement assassinées dans le lugubre quartier de Whitechapel, une célèbre reine britannique mariée à un vampire, et des créatures de plus en plus nombreuses… plongez au coeur du Londres de Kim Newman : celui de Jack l’Eventreur.
Londres, l’époque victorienne, Jack l’Eventreur… je ne compte plus le nombre d’histoires déjà lues et qui revisitent ce mythe. A commencer par Le Manoir des Immortels, d’Ambre Dubois, ouvrage mêlant lui aussi des vampires.
Dracula, Stoker, Holmes… autant de figures réelles ou fictives que la littérature a maintes et maintes fois reprises au point d’en user leur intérêt jusqu’à la corde.
J’ai eu du mal à entrer dans cet Anno Dracula, premièrement parce que je n’étais que moyennement emballée à l’idée de lire une nouvelle version d’un mythe vu et revu, mais aussi parce que la multitude de personnages portent tous des noms, des surnoms et des titres qu’il faut mémoriser sans faillir pour suivre l’intrigue.
Je me suis procuré l’ouvrage car j’avais été intriguée par l’engouement qu’il a suscité lors de sa sortie et j’avais le sentiment d’avoir dans les mains un incontournable du genre.
Pourtant, comme je viens de le dire, j’ai eu du mal à entrer dedans. Mais je me suis accrochée.
En fait, cela va probablement vous faire sourire, mais mon salut est venu alors que je désespérais à remettre des visages sur des noms, lorsque je suis allée voir sur internet la couverture du livre (je lisais en numérique).
Ce fut la révélation.
Tout simplement parce que les designers ont eu l’excellente idée de faire de cette couverture une sorte d’affiche victorienne sur laquelle les personnages principaux sont cités avec noms et profession, telle l’annonce d’une pièce de théâtre ou d’un film.
Dès lors, j’ai pu mémoriser les principaux protagonistes et je me suis pleinement glissée dans l’histoire.
Je n’ai pas la suite pas été déçue et je me suis même félicitée d’avoir persévéré.
L’histoire est très fouillée, trop peut-être, mais l’ambiance victorienne est parfaitement dépeinte de la première à la dernière page. Les vampires sont crédibles et s’intègrent bien à l’histoire. Leurs motivations, toutes très complexes, se tiennent, et on suit l’enquête avec une certaine avidité.
Kim Newman a su donner à son roman une ambiance d’époque, y compris dans l’enquête. On trouve des sociétés secrètes, des monstres sanguinaires, des traîtres et des comploteurs. Dans le plus pur style anglais. Dracula se fait discret, c’est une figure citée qui n’est presque jamais présente et dont l’ombre plane tout au ling de l’ouvrage. Un choix judicieux, une manière d’ajouter en finesse une pierre au mythe. La reine Victoria subit le même traitement, ce qui permet d’idéaliser un couple avant de le voir sous son vrai jour et créer un effet de surprise intéressant.
Et franchement, sitôt les difficultés d’appellations surmontées, ce roman est un plaisir à lire. L’auteur a glissé dans ses pages une foule de clin d’oeils empruntés ça et là aux plus grandes oeuvres de la littérature anglaise et vampirique.
Oui, c’est clair, Anno Dracula est un monument de la littérature vampirique, à lire absolument quand on aime la littérature de l’imaginaire.
Et ce que j’ai encore plus apprécié, ce sont les annotations finales. Là où cela m’avait semblé indigeste dans Echopraxie, là l’auteur nous présente chacun de ses emprunt et clin d’oeils, et j’ai à nouveau ressenti l’impression d’avoir eu affaire à des acteurs qui ont joué d’autres rôles dans d’autres oeuvres et/ou d’autres époques.
J’ai donc beaucoup aimé cet univers que je ne regrette pas d’avoir approfondi.
Pour qui : Les lecteurs qui aiment les vampires, les histoires qui revisitent des faits divers réels, et ceux qui ont envie de lire une histoire de vampires qui sort de l’ordinaire. Ceux aussi qui aiment le vieux Londres victorien et les ambiances bien posées.
Les + : Une ambiance bien posée et prenante, un mythe revisité avec beaucoup de réussite puisque tout se tient, un univers travaillé, une galerie de personnages fournies et variés, et une plume délicate qui nous plonge immédiatement au cœur du Londres victorien.
Les – : Beaucoup de personnages et d’informations à ingurgiter en peu de temps au début du roman ce qui peut le rendre difficile d’accès aux lecteurs qui n’ont pas envie de se casser la tête.
Infos pratiques
Poche: 648 pages
Editeur : Le Livre de Poche (16 avril 2014)
Collection : Fantastique
Langue : Français
ISBN-10: 2253177245
ISBN-13: 978-2253177241