Holomorphose T1 Blasphème, de Jean Vigne

holomorphose-blasphemeBlasphème, de Jean Vigne (Tome 1 du diptyque Holomorphose, éditions du Chat Noir)

Solana vient d’arriver dans la proche banlieue Grenobloise après avoir vécu à Bordeaux une partie de sa vie. L’adolescente déracinée, au look gothique affirmé, a du mal à se fondre dans son nouvel univers.
Au lycée tout va mal. Le jour de la rentrée n’est que le premier d’un enfer sans nom.
Ou peut-être bien que si, il a un nom. Et même plusieurs… Séléné, Hécate et cie. Quand les dieux s’en mêlent et font de vous une créature plus ténébreuse que l’obscurité elle-même, une question se pose alors pour la jeune fille : qui est-elle vraiment ?

Fidèle à lui-même, Jean Vigne nous propose ici une nouvelle série dont les ingrédients ne sont pas sans rappeler ceux de ses autres titres. Nous avons ici une ado tourmentée qui développe des pouvoirs extraordinaires alors que l’intrigue se déroule en grande partie à Grenoble.
Les similitudes avec ces précédents romans (dont la trilogie Néachronical) sont nombreuses. Pourtant, l’auteur arrive à nous proposer quelque chose d’original et qui ne sent pas le déjà lu.
Nous avons affaire, une fois n’est pas coutume, à une histoire de femmes. Des personnalités fortes, variées, aux motivations complexes, le tout dans un univers on ne peut plus quotidien où l’horreur vient s’immiscer.
Les lecteurs habitués des romans de l’auteur pourront y voir une trame plus ou moins consciente reprise dans les différents textes et que l’on retrouve ici. Mais ceux qui découvriront la plume de l’auteur ne pourront qu’être séduit par ce titre au rythme haletant.
Que l’on connaisse ou non la bibliographie de l’auteur, le texte fonctionne à nouveau. En tout cas sur moi. En dépit des similitudes, qui comme je le disais plus haut donnent à lire une tout autre histoire avec les mêmes éléments, le rythme est rapide, prenant. Il y a de la matière, et donc de quoi plonger dans un univers intéressant et fourni. L’histoire pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses, mais la suite du roman devrait nous proposer une fresque complète.
On trouve ici d’antiques déesses et des personnages surprenants. L’ombre de Néa plane à certains moment dans le texte, mais cela n’est pas gênant. J’ai apprécié Solana et ses problèmes autant que sa camarade rousse.
Je suis toujours surprise de voir avec quelle facilité Jean Vigne endosse le costume de l’adolescente torturée. Cette fois nous avons affaire à une ado dite « gothique », et si certains éléments sonnent un peu clichés, la plupart des questionnements que se pose Solana sont légitimes et judicieux. On découvre ses états d’âme, la difficulté de s’intégrer dans un environnement scolaire déjà formé lorsque l’on est nouveau et différent, et toutes les préoccupations adolescentes souvent propres aux filles. L’ensemble est très crédible, empathique. Dans l’ensemble j’ai beaucoup aimé cette héroïne déracinée et tourmentée.
Il faut dire que comme souvent chez les personnages de l’auteur, la petite n’a pas eu une enfance facile.
Ce qui m’a un peu moins convaincu est le pouvoir dont elle hérite (ou elle est victime ? Nous ne le savons pas vraiment à la fin du premier tome). Certes intéressant à défaut d’être utile, il pose selon moi quelques problèmes logistiques auxquels l’auteur répond de manière un peu faible. Je me suis fait la remarque un peu tardivement pour y faire attention mais il est possible que toutes les actions provoquées par le pouvoir ne soient pas cohérentes (à vérifier). Peut-être aurait-il fallu creuser d’avantage ce pouvoir et expliquer son fonctionnement pour que j’y adhère totalement. Ici, comme en plus nous n’avons pas encore vraiment d’explication, cette malédiction me fait surtout froncer les sourcils de perplexité.
Quoi qu’il en soit j’ai beaucoup aimé l’alternance du récit entre le présent à Grenoble et le passé en Mongolie. Un dépaysement intéressant qui m’a fait me sentir parfois au milieu du jeu Tomb Raider, jeu que j’apprécie. Les deux univers finissent pas se rejoindre sans trop de surprise mais de manière efficace.
En définitive, ce roman s’inscrit dans la droite lignée des récentes publications de l’auteur. Ici Jean Vigne n’a pas pris énormément de risques et nous propose à nouveau sa meilleure recette, celle qui a déjà si bien fonctionné auparavant.
Le roman se termine d’une manière ouverte, idéale pour nous donner envie de découvrir la suite, au moins pour se dire de ne pas avoir lu tout cela pour rien.
Il est vrai que les lecteurs qui se contenteront de cette seule entrée en matière risque de passer à côté de l’histoire, tant ce tome ne fait que poser l’intrigue et lancer des pistes.
La suite et la fin de cette étonnante histoire sera à découvrir dans quelques mois.

Pour qui : Les lecteurs qui aiment les histoires bien écrites avec des personnages féminins forts, une ambiance posée, les histoires fantastiques.

Les + : On retrouve ici les ingrédients propres à l’auteur et qui ont fait le succès de ses précédentes parutions : des filles fortes, surhumaines, à qui il arrive de mauvaises choses mais qui vont reprendre leur destin en main en dépit d’un sort qui s’acharne à vouloir les faire entrer dans le rang.

Les – : Quelques répétitions (surtout le mot « dont ») et un certain déséquilibre entre le nombre de questions soulevées et de réponses apportées. Ainsi, ne lire que ce roman sans lire sa suite reviendrait presque à une lecture veine.

Infos pratiques
Broché: 440 pages
Editeur : Editions du Chat Noir (5 septembre 2016)
Collection : Féline
Langue : Français
ISBN-10: 2375680162
ISBN-13: 978-2375680162

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