Les métamorphoses de Julian Kolovos, de J.P Volpi

les-metamorphoses-de-julian-kolovosLes métamorphoses de Julian Kolovos, de J.P Volpi (one shot, éditions Chloé des Lys)

Julian Kolovos n’est pas très porté « famille », d’autant plus que la sienne est un peu spéciale.
Alors qu’il est convié dans le manoir des Kolovos pour fêter la fin de l’année, une révélation va venir bouleverser sa fête : son père a écrit un testament dont les bénéficiaires ne sont pas ceux qu’il faudrait. Entièrement dédié à sa fille préférée, ce morceau de papier tombé par erreur va être la cause de bien des problèmes.
C’est sûr, il va y avoir de l’ambiance !

J’éprouvais une certaine hâte à commencer ce livre dont la couverture et le titre sont plutôt accrocheurs. Malheureusement, je vous avoue dès le départ que je n’ai pas été séduite par Julian Kolovos, le bel acteur un brin mégalo.
Beaucoup de soucis parsèment ce titre qui semble être le premier d’une série. Le fond et la forme ne vont pas. Je m’explique.
Sur le fond :
Le personnage de Julian Kolovos manque de profondeur et de matière pour convaincre. S’il s’agit de second degré, je ne l’ai pas ressenti. On sait que Julian est acteur, mais sa personnalité a l’air si changeante qu’on peine à s’y attacher. Je n’ai pas su si je devais l’apprécier ou le détester.
De plus, les motivations des personnages sont disproportionnées par rapports aux faits. Pourquoi ne pas discuter avec le père concernant le testament au lieu de tout de suite s’embarquer dans un coup monté destiné à l’assassiner ?
Julian Kolovos a l’air de jouer double jeu mais je n’en étais pas vraiment sûre, à aucun moment on ne nous explique vraiment pourquoi (si c’est le cas) ? Le personnage fou amoureuse de lui a des réactions également disproportionnées, telle une Juliette sans Roméo. Bref, cela manquait de subtilité pour moi.
Côté écriture, nous avons des scènes qui ne servent pas le récit comme le passage de Julian à Marseille avec la petite trisomique, qui est un passage long et lors duquel je me suis demandée où voulait en venir l’auteur, des personnages intrigants qui n’apportent pas non plus au récit comme les différents fantômes… En bref l’ensemble du roman comporte beaucoup d’éléments hétérogènes et facultatifs. Ils n’apportent rien au récit. J’ai eu du mal à définir quel était l’objectif de l’histoire : l’assassinat du père ? Autre chose ? Quoi qu’il en soit l’auteur n’a semble-t-il pas assez insisté sur le but de son roman car je suis passée à travers. Quant au style, il est souvent suranné et lourd, peu enclin à nous plonger au coeur de l’histoire. Là encore j’ai eu du mal à adhérer à l’utilisation parfois abusive de tournures telles que « elle eût pu », il y aurait probablement eu la possibilité de fluidifier l’ensemble.
Sur la forme :
Là encore je n’ai pas bien saisi ce que l’auteur a voulu faire. Le récit est imprimé avec moult phrases en italiques détachées des blocs de texte. Mais pourquoi ? Nous avons tantôt une pensé, tantôt une description type « didascalie », tantôt un élément externe à l’histoire. Je n’ai donc pas compris à quoi servaient ces interventions en italique. Est-ce une pièce de théâtre ? Non puisqu’on est parfois dans la tête du personnage. Les descriptions extraites du corps de texte pour être mises en italiques ne sont pas différentes de celles dans le corps du texte. Là encore ces éléments n’apportent rien à l’histoire.
Ces 258 pages sont pleines d’éléments que l’on aurait aisément pu couper pour alléger e récit et se concentrer sur autre chose.
A noter que je me suis plusieurs fois demandée si le concept du roman n’était pas justement de nous fournir un script de pièce de théâtre absurde et tragi-comique. Car les dialogues, les personnages aux traits de caractères clichés et appuyés, les interventions types « didascalie » m’y ont fait penser. Est-ce que le livre a été écrit dans le but d’une adaptation sur les planches ?
Si ce n’est pas le cas, je ne peux pas dire que le but du roman soit atteint. Et si c’est le cas, alors pourquoi pas ?
Ce qui est dommage avec ce titre, c’est qu’il me paraissait avoir le potentiel dans sa première et sa quatrième de couverture, mais que je n’ai pas retrouvé l’ambiance ni le scénario à l’intérieur. J’avais déjà soulevé les mêmes points dans ma chronique des Contes épouvantables et fables fantastiques, du même auteur. Il semble donc que cela soit propre à son style, et que ce style ne soit pas pour moi.

Pour qui : Les lecteurs avides de lectures originales et conceptuelles.

Les + : De bonnes idées et un style propre à l’auteur.

Les – : Un manque d’homogénéité dans le récit, des éléments qui n’apportent rien à l’histoire, des personnages aux réactions étonnantes et une mise en page déroutante.

Infos pratiques
N° ISBN : 978-2-87459-902-6
Auteur : J. P. VOLPI
Année de parution : Février 2016

5 Commentaires

  • Merci pour votre temps investi, Limaginaria.

    Effectivement, on ne peut pas, tous, accrocher à tous les styles. Sinon, nous aimerions tous la même chose et la vie serait bien fade… Vous n’appréciez pas mon style ; ce n’est pas grave, et je vous souhaite de trouver d’autres auteurs qui vous conviendront mieux. C’est sûrement déjà fait ! En tant que lecteurs, nous avons tous détesté, ou peu aimé, ou pas compris… des romans que d’autres ont trouvé exceptionnels, ou bons, ou intéressants… C’est bien normal.

    En revanche, pour vos lecteurs et lectrices, je me permets de poster ci-dessous l’avis, excellent, d’une romancière, Rolande Michel, qui va à l’opposé du vôtre. Vous ne m’en voudrez pas, j’imagine, de défendre mon roman ? Car entre l’écriture, des recherches, l’attente d’un accord, faire les transformations « exigées », attendre encore des mois… Sans parler d’un lourd investissement financier et des droits d’auteur dérisoires (sans apitoiement aucun) qui ne seront payés, en principe, qu’au bout d’un an, ce roman représente presque 3 ans de ma vie, du premier mot écrit à la sortie officielle.

    Je joins aussi le lien pour preuve ; d’aucuns pourraient s’imaginer qu’un auteur méconnu pourrait s’inventer les bonnes critiques, mais je ne donnerai jamais dans ces méthodes pitoyables…

    Donc voici :

    « Cet auteur est véritablement exceptionnel. Après avoir dévoré ses Contes épouvantables et Fantastiques, je me suis régalée des Métamorphoses de Julian Kolovos. Nous pénétrons d’emblée dans une famille qui pourrait être comme tant d’autres: des personnages quelque peu farfelus, une femme enfant en quête de gloire, un alcoolique, une sorte de patriarche… et j’en passe. En dépit de leurs défauts, l’auteur les aime tous et parvient, et là, c’est du grand art, à les rendre attachants. Cette affection se confirme tout au long de cet excellent roman, écrit de main de maître par un auteur talentueux. Je ne vous dévoilerai pas l’histoire. A vous de la découvrir. Si je devais être amenée à classer ce roman, je dirais qu’il s’agit d’un thriller avec un côté psychologique certain ( les personnages sont superbement bien analysés), un côté polar aussi et un zeste de fantastique intelligent. Rolande Michel (auteure ches Chloé des Lys) »

    Et le lien pour preuve :

    https://www.facebook.com/j.p.volpi/media_set?set=a.121612658295430.1073741830.100013400887525&type=3

    J’allais oublier la critique, excellente elle aussi, de la romancière Christine Brunet :

    http://www.aloys.me/2016/02/christine-brunet-a-lu-les-metamorphoses-de-julian-kolovos-de-joel-p-volpi.html

    Merci encore pour votre temps investi, espérant que vos lecteurs et lectrices auront, malgré tout, la curiosité de me découvrir et d’apprécier mon univers à l’image des deux romancières citées ci-dessus, et que je salue chaleureusement.

    Bien amicalement, J. P. Volpi

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    • Bonjour J.P,
      Assez peu présente cette semaine je n’ai pas eu le temps de vous envoyer le lien vers la chronique, je vois que vous l’avez vue par vous-même.
      Quoi qu’il en soit cela n’enlève rien à la sympathie que j’ai pour vous. Il est évident que lorsqu’on s’investit dans une oeuvre on espère qu’un maximum de monde en sera touché. C’est bien normal. Mais ce fut un rendez-vous manqué pour moi.
      J’ai essayé de rendre la chronique la plus objective possible et surtout argumentée.
      Je vous remercie pour votre retour et l’intérêt que vous avez apporté au blog et à la lecture de ma chronique.
      Je vous souhaite une bonne soirée.

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    • coniglio daniele

      Joël j’aimerais bien qu’on sont en contact dany

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  • Contrairement à la personne qui a commenté ce roman de Joël Volpi, j’ai adoré ce livre. Ceci tendrait à prouver, si besoin en était, que chaque lecteur peut appréhender différemment un ouvrage.

    Je me permets donc de vous livrer mes impressions à son propos.

    L’auteur nous fait pénétrer d’emblée dans la famille des Kolovos, une famille qui pourrait être « normale », si ses membres n’étaient aussi farfelus : un alcoolique, une femme enfant en quête de gloire, une sorte de patriarche, et j’en passe, afin de laisser aux lecteurs potentiels le plaisir de les découvrir. Des familles bizarres, il en existe bien d’autres, n’est-il pas vrai ?
    En dépit de leurs défauts, ou peut-être à cause de ceux-ci, l’auteur parvient à rendre tous ses personnages attachants. Sans doute parce qu’il les aime et nous les livre en se gardant de les juger.
    C’est ce que j’appellerais DU GRAND ART, et qui confirmerait mon admiration pour le talent d’un auteur dont le premier ouvrage m’avait déjà impressionnée.
    Selon moi, ce livre n’est pas facile à classer. Il s’agit, bien évidemment d’un thriller. Mais d’un thriller dans lequel le côté psychologique n’a pas été négligé non plus. En effet, tous les personnages de ce roman ont été analysés, voire psychanalysés par l’auteur. Il serait difficile de contredire ceux qui y verraient un polar, genre auquel il s’apparente également, tout en réussissant le pari d’impressionner les amateurs de romans fantastiques intelligents.
    Rolande Michel

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