Archives mensuelles : janvier 2017

De l’autre côté du mouroir, de Mainak Dhar

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De l’autre côté du mouroir, de Mainak Dhar (tome 2 de la série Alice Au Pays des Morts-Vivants, Fleuve Editions)

Après deux ans de paix, le Pays des Merveilles est secoué par une terrible affaire : un groupe d’enfants a été sauvagement assassinés par des Mordeurs. Si la nature des tueurs ne fait aucun doute, Alice ne croit pas qu’il puisse s’agir de ses fidèles serviteurs.
Trop tard, cependant. La population accuse bien vite les Morts-Vivants d’Alice et commence à la rejeter pour se placer sous la protection bienveillance des Gardes Rouge.
Mais l’enfer n’est-il pas pavé de bonnes intentions ?

Après son premier tome assez classique pour le genre, Mainak Dhar nous propose une suite explosive ! Avec De L’autre Côté du Mouroir, l’auteur Indien revisite l’histoire du célèbre conte de Lewis Caroll à la sauce zombie et survoltée.
Ici l’intrigue se déroule dans un court laps de temps, donnant à voir la vision anxieuse du peuple indien face au peuple chinois.
Car en effet, contrairement à la majorité des oeuvres de fiction traitant de la rivalité « USA vs Russie/Europe/Extra-Terrestres », ici on a un concept inédit « Inde vs Chine ». C’est ce qui est intéressant quand on lit des auteurs étrangers ancrés dans leur culture.
Ainsi, on sent un certain parti pris par l’auteur pour dénoncer la main-mise chinoise, qui abreuve le pays d’objets divers de mauvaise qualité en échange d’un faux sentiment de sécurité.
L’ouvrage se teinte ainsi d’une couleur plus politique, où l’on sent entre les lignes les idées de l’auteur. Le récit devient alors l’illustration de ce qui pourrait se produire si un peuple décidait d’abandonner sa liberté en échange d’un confort relatif.
En outre, ces 206 pages sont une succession de scènes d’actions. Alice fait tout pour défendre son Pays des Merveilles des envahisseurs, à l’instar des irréductibles gaulois. Mainak Dhar a une écriture vive, intense, et l’on ne s’ennuie pas une seconde. Sa Alice a tout d’une « Prospero » (Resident Evil), mutante survoltée et souple aux idées de liberté bien affirmées.
Ce seconde tome est plus puissant, moins linéaire, digne d’un film d’action.
Ce que je regrette, c’est que le personnage de la Reine Rouge soit si peu présent. Alors que je m’attendais à une adversaire de la trempe d’Alice, comme nous le laisse penser la couverture (qui présente curieusement une femme de type européen alors qu’elle est asiatique), force m’a été de constater que non. Elle est souvent en retrait, n’apparaît que par intermittence sur de courtes périodes, et on sent vite qu’elle est aveuglée de mensonges. Ainsi son personnage n’est pas vraiment crédible, et il ne fait peur à aucun moment. L’affrontement final, qui survient à la manière d’un film d’action américain, ne m’a pas fait autant vibrer qu’il aurait dû. Je m’attendais à avoir peur mais non car le personnage de la Reine Rouge n’impressionne pas.
A part cela, cette suite se termine sur une note d’espoirs et je suis vraiment curieuse de lire la suite de la série car j’apprécie beaucoup Alice. Je ne dévoilerai pas l’intrigue pour ne pas vous gâcher la surprise mais si comme moi vous êtes curieu(se)x, vous ne pourrez qu’espérer que la suite arrivera rapidement.
Mainak Dhar est pour moi un auteur à suivre pour sa vision originale dans notre paysage littéraire européen et la qualité de son écriture. J’espère avoir l’occasion de lire d’autres romans de sa main.

Pour qui : Il n’est pas obligatoire d’avoir lu le premier tome d’Alice Au Pays des Morts-Vivants pour le comprendre, mais il est quand même conseillé de l’avoir lu au préalable vu qu’il s’agit d’une suite. Les lecteurs qui aiment les histories de zombies et cherchent de l’originalité, et ceux qui aiment les livres d’action.

Les + : Une écriture vive et haletante, un roman plus politique que le premier et avec un message sous-jacent qui fait réfléchir.

Les – : L’exploitation de la Reine-Rouge qui est largement inférieure à ce à quoi on s’attend en voyant la couverture, le personnage manque de charisme et on ne tremble jamais pour Alice, cet alter-ego maléfique n’est pas à la hauteur. La couverture qui représente deux femmes de type « caucasien » alors que la Reine Rouge est asiatique.

Infos pratiques
Broché: 208 pages
Editeur : Fleuve éditions (10 novembre 2016)
Collection : Rendez-vous ailleurs
Langue : Français
ISBN-10: 2265114480
ISBN-13: 978-2265114487
Dimensions du produit: 14 x 2 x 21 cm

Voir la fiche de « De l’autre côté du mouroir » sur le site de l’éditeur.

Terre, de David Brin

terre-david-brinTerre, de David Brin (one shot, éditions Milady)

Un scientifique manipule des singularités lorsqu’il se rend compte que l’une d’elle a pris place au centre de la Terre et est en train de la dévorer de l’intérieur.
Dans l’ombre, scientifiques et astronautes vont devoir s’allier avec un ultime objectif : sauver le monde.

Lorsque j’ai lu Terre, je cherchais un livre de SF tel que je me les représente habituellement : un gros pavé plein de termes scientifiques et de problèmes à l’échelle interplanétaire, dans un futur où la technologie est bien plus avancée que la nôtre, mais sans que cela ne soit incompréhensible.
Avec Terre, j’ai presque eu tout ça, mais mon sentiment général est plutôt mitigé.
Pour la quantité de texte à lire, le moins qu’on puisse dire est que j’ai été servie puisque sur ma liseuse le texte faisait 735 pages. Notez qu’en plus de l’histoire, vous avez un glossaire, une longue post-face et une nouvelle se déroulant dans l’univers du roman.
Niveau termes scientifiques, j’ai été servie également. On a affaire à des thermes et théories scientifiques intéressantes qui crédibilisent énormément le titre.
Pour l’échelle interplanétaire c’est un peu raté dans le sens où le roman a pour thème central la planète Terre, ce n’est donc pas grave puisque c’est justifié par l’histoire.
Enfin, niveau technologie avancée dans le futur, on y est également. L’auteur a choisi de faire se dérouler l’histoire aux alentours de 2050 (le texte a été publié dans les années 90 ce qui le rendait plus loin de l’époque qu’il décrivait, mais avec 20 ans de plus il n’a pas pris une ride, au contraire).
Si, comme on peut le voir, ce roman a tout pour plaire, pourquoi suis-je sortie de ma lecture à ce point mitigée ?
Parce que si tous les ingrédients sont présents, l’auteur a parfois un peu abusé de ces mêmes ingrédients.
Le plus flagrant est qu’en terminant ma lecture, je me suis dit que « je n’avais pas tout compris ». Ce qui est embêtant quand on vient de passer plusieurs semaines sur un texte.
Quand, dans la post-face, l’auteur explique qu’il est astrophysicien, cela a pris tout son sens.
En fait, ce qu’il m’a été difficile à comprendre, c’était toutes les informations implicites que contenait le livre. On est ici proche de la hard-fiction tant les problématiques et les réflexions sont complexes. Lire Terre, c’était un peu comme assister au dîner d’une corporation de professionnels aux tournures jargonneuses et aux blagues hermétiques pour quiconque ne vient pas du milieu.
Je suis donc restée en dehors. Il m’est souvent arrivé de ne pas voir où était le problème, le mal, ce que les personnages sous-entendaient ou voulaient dire. Simplement parce que je ne suis pas du milieu de l’astrophysique, ou peut-être pas assez fine et réfléchie. Toujours est-il que cela a créé chez moi une grande frustration. J’ai lu des passages entiers sans comprendre grand chose, au points que j’ai éprouvé de l’ennui à certains moment.
Autant certains passages de réflexion philosophico-scientifiques étaient passionnants, et j’aurais aimé être présente pour discuter avec les personnages, autant certains passages me sont restés totalement fermés.
En cela, Terre n’est pas un ouvrage accessible. On voit dans la post-face que l’auteur s’est fait plaisir. Mais en oubliant sans doute le lecteur, qui lui n’a pas le passif de David Brin.
Côté personnages, ils sont très nombreux et il faut faire preuve de concentration pour ne pas perdre le fil. Malgré cela, l’ouvrage contient des personnages forts, attachants, comme Theresa qui a eu dès le début toute mon affection.
Alex Lustig est lui aussi un personnage intéressant, j’aurais aimé que son quotidien me soit plus accessible, notamment au sujet des singularités qu’il crée. Les éléments mathématiques et scientifiques induits par sa fonction m’ont laissé à l’extérieur de l’histoire, si bien que je n’ai pas saisi la portée « géniale » de ses actes. Dommage.
Le scénario s’est reproduit plusieurs fois. Je voulais aimer les personnages, mais ils me sont restés inaccessibles.
Ce que j’ai apprécié malgré tout, c’est la volonté de l’auteur de nous rendre son approche crédible. Pour cela, bien que la technologie soit plus évoluée que la nôtre, elle n’est pas totalement loufoque. Idem pour la situation de la planète. D’ailleurs, avec vingt ans de plus, le texte semble encore plus réaliste. L’auteur laisse à voir plusieurs théories sur la surpopulation, et nous livre régulièrement des extraits de documents émanant de son monde qui font réfléchir.
Et vous savez que j’aime réfléchir en lisant.
J’ai donc beaucoup apprécié ces interventions qui viennent considérablement enrichir l’univers du roman.
Je regrette vraiment qu’une partie de ce titre me soit restée fermée car Terre a pourtant tout pour plaire. Partez à l’aventure si vous pensez pouvoir apprivoiser ce texte, sinon il vous faudra sans doute passer votre chemin. Le volume du livre pouvant dissuader les moins préparés pour ce voyage complexe.

Pour qui : Les lecteurs qui aiment la SF compliquée et complexe, et qui cherchent un très gros livre dans lequel se plonger. Il vous faudra une grande concentration pour l’apprivoiser complètement.

Les + : Beaucoup de réflexions intéressantes, des pistes explorées et une belle fin. Il y a vraiment matière à produire une belle oeuvre.

Les – : Malheureusement, cet épais volume est bien trop complexe pour qu’on n’en sorte pas complètement lessivé. De nombreux passages me sont restés inaccessibles et je me suis parfois ennuyée. Trop compliqué, trop de sous-entendus, trop destiné à un public aux connaissances pointues dans le domaine de l’astro-physique.

Infos pratiques
Poche: 919 pages
Editeur : Milady (22 janvier 2016)
Collection : SCIENCE-FICTION
Langue : Français
ISBN-10: 2811216480
ISBN-13: 978-2811216481

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