Asylum, d’Émilie Autumn

Asylum, d’Émilie Autumn (one shot, éditions Hugo et Cie)

Après une tentative de suicide, Emilie se retrouve enfermée dans un hôpital psychiatrique où personne ne viendra la chercher pour l’en sortir. La jeune femme est persuadée de ne pas être folle, jusqu’à ce qu’elle commence à trouver dans son carnet d’étranges lettres écrites un siècle avant par une certaine Emily…

Comme beaucoup, je ne connaissais Émilie Autumn que de nom. Cela n’était pour moi qu’un poster au mur de la chambre de ma sœur. Une violoniste connue au look d’Harley Quinn dont je n’ai pourtant jamais écouté vraiment la musique.
Alors, quand on m’a proposé de lire son livre, j’ai été intriguée : l’artiste est aussi autrice ? En plus son récit se déroule dans l’environnement confiné d’un asile ? Il n’en fallait pas plus pour que j’accepte cette nouvelle expérience, pleine de curiosité. Et puis, il faut bien le dire, la couverture travaillée et intrigante a tout pour plaire.
Je suis vite redescendue sur terre, malheureusement.
Tout commence par une façon assez mégalomane de se mettre en scène : l’autrice est son propre personnage et ne s’en cache pas, écrivant parfois des réflexions assez condescendantes ou prétentieuses.
Cela fait suite à son histoire personnelle, dont la réalité s’entremêle étroitement avec la fiction et l’on bascule petit à petit dans le récit fictif à mesure que les pages se tournent.
Si le début est intéressant et a su me tenir en haleine, l’ouvrage prend un tournant quand entrent en scène les lettres d’Emily « avec un Y ». Il s’agit là d’une sorte d’alter égo victorien ancienne violoniste également et retenue ensuite prisonnière dans un asile. J’ai cru assister aux fantasmes hystériques d’une fille en mal d’attention et de brutalité. Je me suis plusieurs fois cru dans une parodie d’histoire, au beau milieu d’un rêve de pur délire. Dans ce titre, toutes les filles sont appelées à se faire violer par des hommes lubriques et brutaux. On ne sait pas vraiment pourquoi on inflige gratuitement ce traitement aux jeunes filles (on nous parle de La Peste et d’une domination sur le monde mais comme le reste l’explication est faible et peu crédible). Le fait qu’Emily joue du violon n’a absolument aucun intérêt, le récit est plus centré sur les lettres que sur le récit « dans la vraie vie » au point que l’équilibre entre les deux blocs est hasardeux, de nombreux passages ne servent à rien et puis… c’est assez mal écrit, pour être franche.
Et c’est aussi là mon plus gros problème avec ce livre.
Je suis incapable de dire si la qualité de style est à mettre sur le compte de la traduction ou de l’autrice, mais que c’est mal écrit ! Entre les répétitions (nombreuses), les mots inappropriés (nombreux eux aussi), les tournures de phrases naïves voire enfantines, les fautes dans les noms mêmes des personnages… rien ne donne corps à l’œuvre. Rien ne nous fait basculer dans l’horreur. Je ne me suis attachée à aucun personnage (pas même au seul docteur un peu gentil qui semble vivre une grande histoire d’amour avec l’héroïne mais à laquelle on ne croit pas non plus une minute). Tout est trop… tiré par les cheveux. Le livre manque d’épaisseur, de profondeur et même de cœur. Tout est brouillon, comme si on avait publié le premier jet.
Et en parlant de premier jet, le texte a-t-il été relu avant l’impression ? J’ai trouvé un nombre incroyable de fautes d’orthographe et de frappes. Jamais je n’en au trouvé autant dans un livre, a fortiori édité chez un éditeur national et vendu à ce prix (21€). Cela m’a vraiment mise en colère et pour la première fois de ma vie j’ai eu envie d’abandonner ma lecture. Des fautes aussi incroyables que « des femmes nues comme des verres », « il ria » ou encore des oiseaux qui descendent « en piquet »… j’en passe et des meilleures !
Quel traitement a-t-on réservé à cet ouvrage : le même que celui des personnages ? Est-ce qu’on a volontairement malmené le texte pour lui donner une allure brouillonne ?
Si c’est le cas, c’est réussi.
Mais j’en doute. En tout cas je ne serais pas contente d’avoir acheté cet ouvrage. C’est la première fois de ma vie que je vais faire un signalement directement à l’éditeur (photos à l’appui, et je vous prie de croire qu’il y en a un paquet).
En fait, le seul soin accordé au texte est sur la partie graphique. Outre la couverture, on trouve entre les pages des extraits de documents et des visuels travaillés intéressants. Cela n’apporte rien si ce n’est une ambiance qui contribue à étoffer un peu ce maigre environnement.
A chacun de se faire son propre avis, mais personnellement c’est une découverte qui n’aura pas de suite, quand bien même Émilie Autumn publierait autre chose.
Je tiens à souligner que la piètre qualité du texte est étonnante car ce n’est pas le premier livre que je lis de chez Hugo et c’est bien la première fois que je rencontre ce problème. Il n’est certes pas excusable, mais il reste exceptionnel.

Pour qui : les lecteurs qui veulent découvrir l’univers artistique de l’autrice. En effet, Asylum reprend l’univers graphique et artistique d’Émilie Autumn, que l’on peut voir dans ses spectacles.

Les + : Le livre fait découvrir l’univers de l’artiste, que je ne connaissais pas.

Les – : un ensemble brouillon et peu crédible, une succession de fantasmes puérils et superficiels, un style pauvre et une qualité littéraire qui laisse franchement à désirer. Les trop nombreuses fautes d’orthographe et de conjugaisons gênent la lecture et sont inexcusables.

Infos pratiques
Broché: 421 pages
Editeur : Hugo Roman (6 juin 2019)
Collection : Nouveaux Mondes
Langue : Français
ISBN-10: 2755640820
ISBN-13: 978-2755640823

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