Le garçon et la ville qui ne souriait plus, de David Bry

Le garçon et la ville qui ne souriait plus, de David Bry (one shot, éditions Pocket)
Dans ce Paris de la fin du XIXème siècle, la différence n’a pas sa place. Qu’elle soit physique ou morale, ceux qui n’entrent pas dans les cases strictes édictées par le pouvoir en place sont rejetés sur une île appelée « La Cour des Miracles ».
Les pauvres, les disgracieux, ceux dont les moeurs sont jugées contraires aux bonnes moeurs, se retrouvent ainsi à la marge, parqués dans un monde où ils n’ont pas d’autre choix que de survivre.
Romain, jeune noble issu d’une bonne famille, porte en lui un lourd secret. S’il se faisait découvrir, il se ferait aussitôt bannir sur l’île. Or, un jour, il apprend qu’un complot menace la Cour et ses habitants. Porté par ses émotions, le jeune homme ne peut pas rester sans agir. Il doit sauver La Cour des Miracles, quitte à révéler son secret.
ROMAN COUP DE COEUR
Second livre que je lis de l’auteur après le très contemplatif Que Passe l’Hiver, ce roman n’a absolument rien à voir. Au contraire, c’est même tout l’inverse de son premier. Si Que passe l’hiver ne m’avait pas embarquée avec lui, j’ai été au contraire totalement happée par Le garçon et la ville qui ne souriait plus.
J’ai tout aimé dans ce titre.
L’histoire : on nous la dépeint dans un Paris du XIXème siècle mais elle est pourtant d’une incroyable modernité. Portée par un message fort de tolérance, elle ne pourra que faire écho à notre monde actuel et ses propres problématiques. Avoir choisi de délocaliser l’intrigue dans un Paris alternatif est une bonne idée qui permet, par contraste, de faire ressortir les travers du monde dans lequel nous vivons en tant que lecteurs. C’est bien pensé et terriblement efficace ! Personne ne croira une minute que cette histoire se cantonne aux pages de ce Paris alternatif. Sa portée va bien au-delà.
L’ambiance : Quelle merveilleuse ambiance ! Sans doute un peu influencée par la jolie couverture de Benjamin Carré et ses allures de Bossu de Notre Dame, nous sommes plongés dans un Paris qui n’est pas sans rappeler celui de Victor Hugo. L’auteur a très bien travaillé son ambiance et j’ai aimé le travail sur le phrasé des gens de l’île. Un peu rude au départ, on s’y habitue. Mine de rien, cela crée un charme et une ambiance uniques. On sent la poussière, la débrouille, la rudesse d’une vie pour ceux à qui on n’a pas fait de cadeau. Cela renforce le fossé entre les pauvres et les nobles, et pourtant sans en faire trop. Tout reste crédible !
Les personnages : je les ai tous beaucoup aimé. Je me suis attachée à Romain ainsi qu’à ses amis. Ils sont tous attachants et émouvants. Leurs particularités les rendent humains et on ne peut pas rester insensible à leurs péripéties. Plusieurs fois je me suis surprise à retenir ma respiration, ou à avoir peur pour eux. Aussi, on assiste avec un pincement au coeur à la naissance de sentiments que l’on sait qu’ils ne seront jamais partagés. Bref, les personnages sont tous très humains. J’ai aussi beaucoup aimé les retournements de situation et les nombreux petits éléments qui donnent de l’épaisseur à tous les protagonistes. Certains éléments ne sont utiles que pour créer des caractères et l’ensemble est bien construit, les personnages ne sont pas caricaturaux et restent crédibles, la galerie est variée sans être étendue. Bref, on ne se perd pas et « on s’attache », comme dirait un chanteur connu.
Le rythme : Comme je le disais au début de cette chronique, je n’avais lu de David Bry que Que passe l’hiver, un roman contemplatif qui m’avait plutôt laissée de glace. Ici, nous avons un roman où l’action est omniprésente ! Les pages se tournent à une allure folle tant nous passons d’une péripétie à l’autre. Poursuites, combats… les personnages virevoltent à chaque page et le roman possède peu de temps morts pour nous laisser reprendre notre souffle. Si bien que pris dans ce tourbillon d’action, on a encore plus peur pour les personnages. Quelle sera la péripétie de trop ? Comment tout cela va-t-il se terminer ?
Vous l’avez compris, ce livre a été un coup de coeur pour moi. Je n’ai pas été déçue et ne trouve rien de négatif à en dire. Au contraire ! Il fait partie des titres que j’ai envie de relire une fois terminé. Un de ceux qui m’ont fait réfléchir, et vont me marquer.
Avec une lecture mitigée et un coup de coeur, j’ai hâte de lire le prochain ouvrage de David Bry pour me faire un avis définitif sur sa plume.
Pour qui : les lecteurs qui aiment les histoires qui ont une portée au-delà des pages et qui font écho à notre propre société, les histoires qui font réfléchir et se questionner sur soi et le monde qui nous entoure. Les lecteurs qui cherchent une histoire émouvante avec des personnages attachants.
Les + : L’histoire, l’ambiance, la plume, les personnages… tout est soigné et travaillé dans cet ouvrage. Tout est à sa juste place, comme une mélodie qui sonne parfaitement.
Les – : Je n’en ai pas trouvé, c’est pour cela que c’est un coup de coeur !
Infos pratiques
Poche : 352 pages
Editeur : Pocket (18 juin 2020)
Collection : Fantasy
Langue : Français
ISBN-10 : 2266307312
ISBN-13 : 978-2266307314