Archives mensuelles : juin 2021

Ashwood, de C.J Malarsky

Ashwood, de C.J Malarsky (tome 1 de la duologie Ashwood, éditions du Chat Noir)

Willow est une adolescente un peu solitaire, adepte du look lolita, des couleurs vives et des tenues kawaii. Mais derrière l’apparente lumière se cache une part d’ombre : celle de la peur.
Le jour où Willow suivra son cousin dans un asile abandonné pour y faire des photos, elle ne se doutera pas qu’elle y laissera une partie d’elle-même.
Car les monstres sont tapis dans l’ombre, et ils ont faim. Prêts à tout pour lui voler son âme, ils ne reculeront devant rien. Et Willow sombrera, de plus en plus, dans le gouffre de la mort.
A moins qu’elle ne se réveille, dans tous les sens du terme.

J’ai aimé ce livre, vraiment beaucoup !
Pour être honnête, il faut que je vous dise que j’ai joué au jeu The Medium en début d’année. Un jeu vidéo plutôt narratif dans lequel vous incarnez Marianne, une medium, appellée en Pologne dans un orphelinat abandonné, jadis ravagé par les flemmes. Elle possède dans son bras un pouvoir étrange et, suivie par des papillons blancs, poursuit sa quête à travers les ombres, tentant d’échapper à un monstre noir et aux membres très longs qui veut l’embarquer dans son royaume.
Si je vous parle de ce jeu, c’est parce que les similitudes entre lui et Ashwood m’ont troublées tant elles sont nombreuses. Bien sûr, si je devais accuser l’une des oeuvres d’avoir repris l’autre, ce serait le jeu qui reprendrait le livre et non l’inverse puisque le jeu est sorti en 2021 et le roman en 2015.
Il n’empêche que j’ai beaucoup aimé le jeu, et que j’aim adoré me plonger dans ce livre qui m’a renvoyé dans ce jeu. J’ai retrouvé le plaisir que j’ai eu à jouer, mais en lisant ce livre.
Pour en revenir au livre en lui-même, c’est un roman d’ambiance plutôt bien mené. L’autrice joue avec le lecteur en nous promenant du rêve à la réalité sans cesse. Si de prime abord cela peut sembler brouiller, j’ai en revanche apprécié le fait que ce soit clair, fluide, et très visuel. Je n’ai jamais été perdue entre le vrai et le faux. Bien sûr, nous sommes les jouets de la narratrice, elle-même jouet des forces du mal. Alors on apprend et on découvre en même temps qu’elle, mais comme elle parvient toujours à faire la part des choses, nous aussi.
Il y a quelques clichés, bien sûr, par exemple le fait que l’adolescente soit une gothique lolita (cela n’apporte rien du tout à l’histoire), ou la petite romance qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe. Néanmoins, le roman se lit bien, s’apprécie tout autant, et j’ai passé un bon moment de lecture.
Côté scénario, on progresse bien et j’avais toujours envie de savoir « comment cela va se terminer ». Le suspense est maintenu jusque dans les dernières lignes.
La galerie de personnages est variée et a part la maman un peu étouffante, les autres protagonistes sont attachants et intéressants. L’univers créé par C.J Malarsky a du potentiel, ce que n’a pas manqué de souligner l’autrice en terminant son ouvrage par une phrase de cliffhanger dévoilant l’existence d’une suite.
Une suite qui, à l’heure où j’écris ces lignes, n’est toujours pas prévue (et peut-être même pas écrite).
Toutefois, cela n’empêche pas de lire cet ouvrage comme un one shot, si on ne tient pas compte de la dernière phrase ajoutée pour créer une ouverture, le livre se lit et s’apprécie tout seul.
C’est prenant les pages se tournent rapidement et vous promettent quelques heures de frissons dans les ténèbres d’Ashwood.
Tenterez vous le voyage ?

Pour qui : les lecteurs qui aiment les histoires mélancoliques/ténébreuses, les récits à l’ambiance feutrée, les intrigues en milieu confiné.

Les + : une intrigue bien menée, une ambiance intéressante et immersive, des personnages attachants.

Les – : le cliffhanger qui promet une suite pour l’heure inexistante, et la petite romance qui manque un peu de consistance.

Infos pratiques
Éditeur ‏ :
‎ Editions du Chat Noir (10 octobre 2018)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 252 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2375680936
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2375680933

Les bras de morphée, de Yann Bécu

Les bras de Morphée, de Yann Bécu (one shot, éditions Pocket)

Dans un futur proche, un mystérieux virus à l’origine inconnue fait tomber les humains de sommeil. La majorité de la population dort 20h par jour. Une situation qui ne laisse que peu de temps pour vivre réellement, c’est pourquoi tout doit aller vite.
Dans ce monde particulier, Pascal Frimousse fait figure d’exception. Ce professeur de français à Prague peut en effet rester éveillé 12h ! De quoi lui donner envie d’occuper son temps quand les gens dorment. Il le fera d’une manière qui lui est propre : en trollant le monde.

Le thème du sommeil est incontestablement ce qui m’a attiré dans cet ouvrage. Après avoir lu Le sixième sommeil de Bernard Werber, j’ai été particulièrement accrochée par le résumé de ce livre qui promettait d’aller vite et de nous emporter avec lui.
Or, une fois ma lecture terminée, je dois reconnaître que je n’ai pas retrouvé ce que j’espérais lire dans l’histoire.
En effet, avec un tel parti pris, je m’attendais à une histoire qui va vite, qui nous emporte, bourrée d’action et avec des enjeux forts. Le résumé parle d’un personnage qui trolle le monde (se moque d’eux) de manière professionnelle, je voulais vraiment voir ce que cela pouvait donner dans un univers avec une telle contrainte de temps.
Ce n’est pas du tout ce que j’ai lu. Ou bien j’ai mal compris.
Pour commencer, j’ai été déçue de ne pas ressentir cette pression du temps promise par le résumé. A aucun moment je n’ai eu peur que le narrateur s’endorme en plein milieu d’une action décisive, à aucun moment je n’ai eu l’impression que le virus Morpheus (celui qui vous fait dormir) était un problème pour lui. Il vit et évolue dans un monde où il croise des gens sur les heures habituelles, si bien qu’on ne se rend pas compte que les autres personnes ont un souci de sommeil. Et lui non plus.
Ensuite, alors que je m’attendais à trouver un hacker ou un utilisateur de nouvelles technologies (c’est bien là qu’on trouve les trolls, non ?), il n’en est rien. Frimousse opère dans la vraie vie, laissant venir à lui des êtres de chair et de sang bien réveillés.
Là encore, je n’ai donc pas ressenti ce que je m’attendais à trouver alors que le résumé à un fort potentiel (imaginez un geek chez lui qui trolle les gens sur ses heures d’éveil, pendant que tout le monde ou presque dort ?).
Enfin, l’histoire est-elle sérieuse ou loufoque ? Tout au long de ma lecture, je n’ai pas su choisir mon camp. Je n’ai pas su déterminer précisément avec quel ton l’histoire nous est racontée. Là où, par exemple, un Karim Berrouka ne laisse pas de place au doute avec ses personnages et ses situations barrées, ici, on oscille constamment entre une intrigue sérieuse dans un décor de foire à la saucisse. Pour ne rien arranger, l’histoire nous est racontée d’une façon passive qui ne nous donne pas l’impression d’être dynamique. Je me suis rendue compte à force de lire que c’était une des choses qui me génait le plus dans le roman. Il est raconté de manière passive, comme un témoignage dont les faits sont déjà terminés, plutôt qu’activement, donnant l’occasion au lecteur de vivre les évènements en même temps que les personnages.
Pourtant l’auteur a réussi à construire un univers qui lui est propre, avec son lexique, sa particularité, ses coutumes… j’ai apprécié le travail de création, le fait que l’histoire se déroule à Prague, une ville que je vois peu dans les romans français. Je ne peux pas dire que le livre n’a pas quelques qualités, mais elles n’ont pas suffit à rattraper mon sentiment de déception global à la lecture. Je suis même allée lire d’autres avis pour tenter de comprendre si c’était moi qui étais passée à côté du livre, et vu la majorité de lecteurs satisfaits, je pense que oui. Je suis littéralement passée à côté.
Du coup, je me demande : et si le plus gros défaut de son livre était ce qui le rendait leplus séduisant ? A savoir son résumé ?
Car soyons clair, c’est bien là qu’est mon problème, d’avantage que dans le livre en lui-même, qui reste bien écrit et saura sans doute trouver son public. Je me suis construit une image mentale du livre à travers le résumé, mais n’ai rien retrouvé dans le livre des promesses qui m’ont été faites. Me vient alors une question hautement sérieuse :
Et si j’avais simplement été trollée par ce livre ?

Pour qui : les lecteurs qui aiment se détendre avec une histoire rapide et loufoque, qui ont envie de lire des choses originales, jamais lues ailleurs.

Les + : de bonnes idées, un univers construit de manière originale, une intrigue qui se passe dans une ville qu’on n’a pas l’habitude de voir dans les publications francophones et dépayse un peu.

Les – : J’ai eu l’impression que l’histoire dans le roman était différente de celle promise par le résumé, je n’ai pas toujours su déterminer si l’histoire était sérieuse ou non, et surtout elle est écrite d’une façon passive, là où la contrainte temporelle impose selon moi de se trouver au coeur de l’action pour mesure la pleine urgence des actes des personnages.

Infos pratiques
Éditeur ‏ : ‎ Pocket (20 mai 2021)
Langue ‏ : ‎ Français
Poche ‏ : ‎ 368 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2266314238
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2266314237

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