Chimère Captive, de Mathieu Rivero

Chimère Captive, de Mathieu Rivero (tome 1 de la trilogie Les Arpenteurs de Rêves, éditions les Moutons Électriques)
Céleste vient d’arriver à Lyon après avoir quitté son île et la petite ville de Port-Au-Riche. Tout est différents ici, et la jeune fille peine à s’intégrer.
Après avoir retrouvé un ami d’enfance, elle loge dans une colocation avec deux garçons aux personnalités différentes et uniques : ils sont tous les deux des arpenteurs de rêves. Céleste apprendra à leur contact qu’elle aussi peut s’introduire dans les rêves d’autrui et les modifier, ainsi que parcourir le Grand Songe.
Chimère Captive est le dernier né de Mathieu Rivero aux éditions des Moutons Electriques. Après le très bon Or et Nuit, il me tardait de me replonger dans un univers poétique créé par le jeune auteur lyonnais.
Ce qui frappe en premier est la taille de l’ouvrage. Il est beaucoup plus fin que son prédécesseur, et se lit par conséquent beaucoup plus vite.
Comme on s’en doute de prime abord, Chimère Captive entrera donc moins dans les détails. Le contenu de l’ouvrage est fidèle à l’idée que l’on peut s’en faire à l’extérieur. On a une intrigue très vite posée, peu de personnages, et une histoire menée rapidement.
J’aime toujours autant l’écriture de Mathieu Rivero, toujours juste, et souvent poétique. Un petit plaisir à lire.
J’ai malheureusement été un peu moins convaincue par cette nouvelle histoire que par la précédente, et je pense que le format du roman y est pour beaucoup.
Car oui c’est bien écrit, oui les personnages ont chacun une personnalité propre, oui le monde créé par l’auteur est original…. mais il est court, il reste en surface. Comme s’il avait été bloqué par un nombre de mots à ne pas dépasser, l’auteur a fait quelques raccourcis qui auraient pourtant mérités d’être développés.
L’exemple le plus flagrant est cette facilité qu’à Céleste à reconnaître qu’elle possède des pouvoirs magiques. Il suffit de lui dire pour qu’elle se rende compte qu’elle, sa mère et sa soeur sont des sorcières. Cela sans poser de questions.
Bien que classique, il aurait été intéressant de voir le chemin d’acceptation de Céleste vers ce nouvel état de fait.
Le reste de l’ouvrage possède aussi quelques facilités, et durant toute la première moitié du livre on se demande où veut nous mener l’auteur, jusqu’au point de rupture où tout prend vraiment forme et tout s’imbrique.
Il faut dire que la capacité à manipuler les rêves des gens est un pouvoir très intéressant qui offre beaucoup de possibilités. Pendant que l’auteur faisait languir le lecteur à savoir ce qu’il allait faire de son histoire, beaucoup de choses me sont passées par la tête, mais pas le tour pris par l’intrigue. C’est une bonne chose. Les éléments s’accélèrent dans la seconde partie du roman comme on dévale des escaliers, allant de mal en pis. Une fois les éléments mis en place, l’auteur se fait plaisir. De ce fait, on voit se dessiner des liens entre les personnages, et des choses restent en suspend pour ce que l’on devine déjà dans la suite de la série.
J’ai apprécié la galerie de personnages et le fait qu’ils ne soient pas très nombreux à tenir un rôle dans ce premier tome. Certains se démarquent déjà (j’aime beaucoup Val, probablement parce que c’est un peintre) et d’autres conservent un fort potentiel que j’espère voir se développer dans les suites (comme la soeur de Céleste).
Ce premier tome est centré sur Céleste donc il est normal que l’on parle d’avantage d’elle. Cependant je vois mal comment l’histoire pourrait se focaliser autant sur un autre personnage. En quelques mots, Céleste semble être la Clé. Rien que son prénom laisse penser que dans ce monde onirique, elle tient une place centrale.
J’ai bien aimé cette jeune fille.
J’ai été contente que la seconde partie de Chimère Captive soit plus rythmée. Il aurait été dommage de m’endormir sur cette lecture et j’avoue avoir eu un peu peur à la lecture des 50 premières pages.
Mon seul regret vient du fait que l’intrigue se déroule à Lyon, une ville que j’aime profondément, et que j’aurais aimé voir plus en avant. Ici Lyon n’est qu’en second, voir troisième plan. Finalement l’histoire pourrait se dérouler n’importe où ailleurs sans que cela ne change quoi que ce soit au déroulement des faits. C’est un peu dommage. La suite viendra peut-être renforcer ce choix. J’espère !
Quoi qu’il en soit j’ai passé avec ce premier tome un bon petit moment. Je regrette encore l’univers oriental d’Or et Nuit et il me faudra sûrement lire la suite de cette trilogie pour la hisser au niveau du premier ouvrage de l’auteur.
Malgré tout, Mathieu Rivero confirme sa maîtrise de la langue française et c’est toujours un plaisir que de lire ses textes.
Pour qui : Si le livre est estampillé plutôt jeunesse, les lecteurs plus âgés pourront y trouver leur compte. Il n’y a pas d’âge pour s’évader dans les rêves.
Les + : Des personnages variés et attachants, une plume toujours aussi maîtrisée et poétique, beaucoup de potentiel dans l’histoire.
Les – : La ville de Lyon assez peu développée, des raccourcis scénaristiques, de manière générale le livre est un peu court alors qu’il aurait pu être d’avantage étoffé.
Infos pratiques
Broché: 176 pages
Editeur : Moutons électriques (18 août 2016)
Collection : Naos
Langue : Français
ISBN-10: 2361832801
ISBN-13: 978-2361832803