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Anthologie Animaux Fabuleux, Collectif

Animaux Fabuleux, Collectif (anthologie, éditions Sombres Rets)

L’anthologie Animaux Fabuleux regroupe 19 nouvelles d’auteurs différents sur ce thème.

La Chasse du Baron de Richecourt, d’Aurélie Genêt : Une rapide chasse au darou, cet animal fabuleux connu pour être mi-chèvre mi-renard et parcourir les flancs de montagnes sur ses pattes aux longueurs différentes. Le vocabulaire de la chasse est bien exploité ici et bien que l’on devine rapidement la fin, ce petit conte est plaisant à lire. Le personnage du Baron est pathétique au point qu’on lui pardonne d’avoir voulu mettre fin aux jours d’un animal.

Les Chats de Schrödinger, de Anne Goulard : J’ai beaucoup apprécié ce texte à l’atmosphère singulière et à l’univers développé. Bien écrit, il nous présente une héroïne forte et attachante, qu’il me plairait de revoir. Les scènes d’action sont bien faites et le style global de la nouvelle est très visuel. En revanche, j’ai trouvé que la place du chat de Schrödinger est presque anecdotique et sa signification inexistante (je suis allée voir sur internet de quoi il s’agissait avant d’écrire cet avis car je connaissais de nom sans savoir exactement de quoi on parlait), comme s’il s’agissait d’un élément ajouté a posteriori pour correspondre à cet appel à texte. Dommage car il y a du potentiel.

La Dernière Neige, de Delphine Hédoin : Un joli petit texte, poétique et onirique, sur les loups et d’autres créatures plus légendaires. On y parle chasse et beauté de la vie. C’est intéressant et bien écrit, agréable à lire.

Comme les Rois Mages, de Jean-Marc Sire : Une touche d’humour dans ce petit texte incisif et bien écrit. L’idée d’avoir pris comme personnages principaux deux pingouins de laboratoire est bonne et mériterait d’être encore plus développée à travers une histoire complète. Le duo fonctionne bien et a un potentiel comique indéniable. De bonnes idées et une bonne plume. J’en redemande.

La Valse de la Sirène, de Bleuenn Guillou : Une histoire pleine et entière comme je les aime ! Le texte est plus long que la moyenne, environ une vingtaine de page, et permet de développer une histoire avec un passé, un présent et un futur complets. L’auteur prend le temps d’installer ses personnages et de leur créer un background, sans jamais que cela ne soit trop long. Savamment dosé, le récit nous entraîne au sein d’une foire (ambiance que j’aime particulièrement) dans laquelle se trouve une sirène. Malgré la galerie de personnages fournie, tout tourne autour de la créature qui n’apparaît qu’en filigrane, et est pourtant au tout premier plan. Il n’y a rien à redire sur ce texte qui est tout simplement parfait.

A la poursuite du Khting Voar, de Tepthida Hay : Une histoire originale au coeur de la jungle indochinoise. Ce que j’ai aimé dans ce texte, c’est que le titre porte l’attention sur une créature, mais que finalement ce n’est pas cette créature-là le centre du texte. Un parti pris sympathique et original, qu’il ne m’aurait pas dérangé de voir encore plus développé. L’ambiance de la jungle et des colonies est bien décrite, on s’y croirait.

Si tu n’es pas sage, de Florian Petit : Il m’a manqué quelque chose avec ce texte très court. Je n’arrive pas à mettre le doigt sur ce qui me chiffonne. Je crois que c’est du côté du fond plus que de la forme. Je n’ai tout simplement pas adhéré à ce texte racontant une peur d’enfant. Le fait, peut-être, de ne pas savoir en quoi la petite fille n’a pas été sage rend la conséquence disproportionnée.

Ivresse Ignée, de Florian Bonnecarrère : Un texte assez long pour assez peu de choses, finalement. Celui-ci nous raconte l’histoire d’une jeune alchimiste chasseuse de dragons qui se construit un golem pour se protéger. Je me suis longtemps demandée où l’auteur voulait en venir, et j’ai été un peu déçue par cette fin finalement assez plate par rapport à ce que promettait le récit tout le long. Néanmoins, le texte est bien écrit et reste agréable à lire.

The spider and the fly, de Thibault de Lambert : Un texte très émouvant et poétique se déroulant dans un décor peu commun : un supermarché. J’ai beaucoup aimé, d’autant plus qu’il y a une morale à la fin. Sans doute l’un des plus beaux textes de l’anthologie pour l’instant en dépit de sa petite taille. J’ai été émue par les araignées métalliques. Bien joué !

Par les liens toxiques de la chair, de Frédéric Darriet : Un texte du style horrifique assez efficace. Il y a une ambiance particulière, un décor singulier, et un style qui se lit bien. Seul bémol : la fin. Abrupte, elle m’a laissée sur ma faim, justement. Il y avait tout pour terminer d’une manière plus marquante, mais non. C’est ma petite déception car pour le reste j’ai apprécié les horribles créatures décrites et l’atmosphère générale du texte.

Propensia animis spongiasis, d’Emmanuel Ardichvili : une texte angoissant qui se déroule sous l’eau. La tension est palpable et l’univers bien construit. Je connaissais déjà l’auteur puisque j’avais lu son ouvrage La Tour, paru chez le même éditeur, et on sent dans ce texte que l’auteur a de l’expérience. J’ai passé un moment terrifiant sous l’eau, et j’ai dû retenir moi aussi ma respiration plusieurs fois. L’idée de traiter d’une créature de type « éponge » est très originale et se démarque des autres textes de l’anthologie. Le texte est angoissant de bout en bout (je n’aime pas l’eau et la mer il faut que vous le sachiez). Assurément l’un des textes marquants de cette anthologie.

Cochon qui s’en dédit, de Marie Czarnecki : Un petit texte court mais sympathique. Le parti pris est original (l’histoire est racontée par un cochon savant) et la morale intéressante. Seul bémol : l’inclusion d’expressions porcines qui auraient certainement dues être comiques mais qui, de mon point de vue, ne fonctionnent pas. Il n’y avait pas besoin de cela pour faire un bon texte, ces insertions sont superflues. Le petit cochon est assez attachant dans son ensemble et cela ne m’aurait pas dérangé d’en lire plus sur sa vie.

Inari no Shinden, d’Ophélie Hervet : Une jolie histoire très bien écrite et émouvante. Un couple de personnages qui n’est pas sans rappeler ceux que l’on peut trouver dans les séries des éditions Ofelbe (comme par exemple Spice & Wolf) et qui fonctionne bien. On y parle Yokai et Kitsune. C’est assez poétique, il y a du vocabulaire japonnais pour donner une immersion complète (bien que je ne sois pas fan des notes de bas de page en général) et l’ensemble est bien écrit. Un joli texte.

La Bête, de Pascaline Nolot : Un texte intéressant qui n’est pas sans rappeler Jurassic Park. J’ai apprécié le point de vue du narrateur. Original, on se demande tout le long du texte à qui appartiennent les yeux à travers desquels nous découvrons l’histoire. Beaucoup de créatures fabuleuses se retrouvent dans cette nouvelle et il est intéressant de constater à la fin que La Bête est peut-être plutôt l’Homme, et non pas la créature.

Gare à la Gouille ! de Eric Vial-Bonacci : Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris à ce texte. Très court, il joue sur les mots entre gargouille et son titre, mais de ce fait je n’ai pas compris si le monstre principal est réellement une gargouille ou si c’est une coïncidence. De même je n’ai pas compris les motivations profondes du monstre… Il m’a manqué de la matière pour apprécier ce texte. Pourtant l’idée de choisir cette créature sortait des sentiers battus et pouvait être intéressante à traiter.

Ganiagwaihegowa, de Phil Becker : Un texte plein d’action dans lequel nous découvrons l’histoire d’un groupe de chasseurs à la poursuite d’un ours légendaire. Je ne connaissais pas du tout cet animal et je regrette de ne pas en avoir appris plus sur lui. Pourquoi ce nom imprononçable et difficilement lisible ? Ici les personnages connaissent déjà la bête et ce que nous en apprenons ne suffit pas à brosser un portrait complet, j’imagine qu’il y a tout un folklore derrière elle et cela n’est pas explicité ici.
Néanmoins la lecture est agréable, fluide, et bourrée d’action.

Game Over, de Virginie Perraud : Un des textes les plus courts du recueil. Il raconte l’histoire d’un condamné à mort qui va « boucler la boucle » en poursuivant une existence auprès d’une fille dont il aurait fait sa victime, avant. Un texte plein d’ironie mais qui m’a semblé à la limite du thème de l’anthologie.

Le dernier des Massaliotes, de C.D Inbadreams : Si vous souhaitez apprendre à jurer en marseillais, lisez ce texte. Le lexique, pourtant atténué par des * lorsqu’il devient un peu trop fort, est tout à fait local et riche en expressions en tout genre.
Ce texte est percutant et bien écrit. On peut entendre les grillons chanter et ressentir l’écrasante chaleur à sa lecture. Bien que l’on y croise le dahu, une bête déjà vue plus tôt dans le recueil, ce texte se démarque par son côté immersif et bien construit.

L’Épave du Bout du Temps, de Sylwen Norden : l’anthologie se termine bien avec ce joli texte qui change de ces prédécesseurs dans son décor. En effet, il se déroule principalement sous Terre et dans un monde alternatif, ce qui change. Le duo formé par Annwyn la souris et le héros fonctionne bien. Il y aurait matière à écrire un roman complet avec ce texte comme base ou synopsis. Un auteur à suivre.

En résumé c’est à nouveau une anthologie de qualité que nous proposent les éditions Sombres Rets. Si j’ai été étonnée par le fait que la majorité des textes laissent apparaître leurs animaux fabuleux dans des décors champêtres et non des villes (il y aurait peut-être quelque chose à faire pour palier cette carence ?), l’ensemble est globalement original et bien construit. Les 19 textes sont différentes les uns des autres et je n’ai jamais eu l’impression de relire une aventure. Le choix a donc été bien fait et le thème a pu inspirer suffisamment pour que les auteurs fassent des choix différents et complémentaires.
Les animaux fabuleux dont traitent les textes sont intéressants car ce ne sont pas ceux que l’on a l’habitude de voir en littérature. Pas de zombies, de vampires ou de garous dans ces pages. Il n’y aura que des créatures folkloriques habituellement délaissées. Un point important car il permet d’enrichir sa culture générale.
A noter que si peu de noms vous disent quelque chose, les auteurs ne sont pourtant pas des novices. On découvre dans les notices biographiques de fin d’ouvrage qu’ils ont tous (à l’exception d’un seul) publié dans nombre de revues, webzines et maisons d’éditions. C’est intéressant et prometteur. D’ailleurs, il est possible d’en lire dans la plupart des autres anthologies chroniquées sur le site.

Pour qui : les lecteurs qui aiment les recueils de nouvelles de qualité et qui proposent des textes riches et intéressants. Les lecteurs qui ont envie de découvrir des créatures dont la littérature ne parle pas assez.

Les + : beaucoup de petits textes et des textes globalement de qualité. Des créatures inhabituelles dans les récits.

Les – : je regrette un peu le manque de paysages urbains et différents. La forêt et la campagne semblent être une source récurrente d’inspiration pour croiser les créatures fabuleuses. Nos villes ne peuvent-elles plus nous faire rêver ?

Infos pratiques
Format : 15 x 21cm
Pages : 284 pages
ISBN : 978-2-918265-24-5
Parution : le 17 avril 2017.

La Tour, d’Emmanuel Ardichvili

La tour

La Tour, d’Emmanuel Ardichvili (one shot, éditions Sombres Rets)

Sous une immense plante vit un peuples de petites gens. Une sorte de lutins qui essaient chaque jour de préserver leur vie champêtre en se transformant pour mieux se fondre dans le paysage et échapper aux prédateurs.
Un jour, l’intrépide Orkann et son amie Swalee découvrent que la plante est en train de mourir, laissant le libre passage aux Kroms, les plus redoutables tueurs qui soient. Les deux amis, aidés par d’autres compagnons, vont tout faire pour sauver les leurs. Pour cela ils vont devoir s’aventurer dans la mystérieuse tour, et faire d’étranges rencontres.

Petit livre de 117 pages, La Tour vous emmène au coeur d’un monde merveilleux peuplé de créatures de toutes sortes. Nous faisons la connaissance d’un peuple de petits êtres vivants sous une plante et qui tentent de survivre dans une nature parfois hostile.
La lecture est rapide, mais le moment agréable. Emmanuel Ardichvili réussit à poser rapidement son univers pour nous donner l’impression de sentir l’humus de la terre et la moiteur des gouttes d’eau après l’orage. L’histoire racontée est avant tout une histoire d’amitié qui rappellera certains titres, comme le célèbre Arthur, d’Arthur et les minimoys, mais on suit les péripéties de ces héros, matures pour leur âge, avec grand plaisir. Pour une fois que ce n’est pas le monde entier qu’il faut sauver mais quelque chose de bien plus crédible, ce petit roman relève le défi de proposer un univers entier et une mythologie en quelques pages.
La Tour est plutôt bien écrit. J’ai toutefois regretté le foisonnement de termes spécifiques à cet univers, qui s’ils le rendent plus concret, sont parfois un peu compliqués à se représenter. Mis à part cela, les idées véhiculées et la manière dont cela est fait sont plaisantes.
Une bonne histoire à découvrir ou faire découvrir pour les petits et grands enfants en quête d’évasion et d’amitié loyale.

Pour qui : Les éditions Sombres Rets préconisent « à partir de 10 ans » mais finalement le titre peut aussi être lu par des adultes qui souhaitent retomber en enfance le temps de quelques pages.

Les + : De bons sentiments, une atmosphère arboricole bien dépeinte, un univers fourni construit en peu de pages et une écriture soignée.

Les – : L’utilisation régulière de termes spécifiques à cet univers qui peuvent parfois donner un peu de mal à se représenter les choses. Peut-être aurait-il fallu plus de description ou moins de termes inconnus des lecteurs. Toutefois cela ne gène pas la compréhension.

Infos pratiques
Format : 
15 x 21cm
Environ : 120 pages
ISBN : 978-2-918265-21-4

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