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Les 40 signes de la pluie, de Kim Stanley Robinson (Trilogie Climatique T1)

Les 40 signes de la pluie, de Kim Stanley Robinson (tome 1 de la trilogie climatique, éditions Pocket)

Washington, dans un futur proche. La machine climatique s’emballe, les bouleversements sont visibles, profonds.
Dans leurs laboratoires, les scientifiques tentent de faire pression sur le gouvernement pour qu’il prenne enfin des décisions de préservation de l’environnement.
Mais n’y a-t-il pas pire que ceux qui ne veulent pas voir ?
Anna, Charlie, Frank… autant d’humains au service de la science, persuadée qu’elle seule pourra sauver l’humanité.
À condition qu’on veuille les écouter, bien sûr.

Il semble que le changement climatique soit un thème de plus en plus abordé en littérature, que ce soit par les auteurs qui écrivent sur le sujet, ou les éditeurs qui publient des ouvrages sur le sujet.
Kim Stanley Robinson, dont j’avais lu l’ennuyeux 2312, revient chez Pocket avec une trilogie climatique qui m’a rapidement intéressée. Les 40 signes de la pluie est le premier tome (et le moins épais) de cette nouvelle histoire. Désireuse de renouer avec la plume de cet auteur présenté comme une référence dans son domaine, je me suis laissée emporter par le pitch qui promet catastrophes naturelles et tensions climatiques.
Or, à la fin de ce premier tome, je dois reconnaître que je n’ai absolument pas lu ce que je m’attendais à trouver entre ces pages.
J’ai apprécié ma lecture, mais ce n’est pas exactement ce dont on nous parle. La faute à l’auteur ? Ou à l’éditeur ? Je ne saurais dire.
Toujours est-il que l’histoire se centre sur des scientifiques dans leurs bureaux, et que le changement climatique ne se sent pas vraiment dans le roman. Alors que je m’attendais à une tension allant crescendo, on nous explique simplement à quel point les protagonistes transpirent lorsqu’ils mettent le nez dehors. De bref passages en-dehors de l’histoire se font alarmistes, mais l’histoire en elle-même ne s’en fait pas beaucoup écho. L’auteur parle bien de la fonte des glaciers, de l’inversement et du ralentissement des grands courants marins… mais je m’attendais plutôt à lire une sorte de thriller, de course contre la montre, et cela n’a pas été le cas. On est plutôt en coulisses, dans les bureaux des politiques chargés de voter les lois impactantes ou non, et quoi qu’il en soit, déterminantes pour l’avenir de l’espèce humaine.
Bien qu’étonnée de ne pas avoir trouvé ce que j’étais venue chercher, j’ai tout de même apprécié ma lecture. Certes, Les 40 signes de la pluie (dont vous ne saurez jamais lesquels sont-ils) n’est pas le thriller SF auquel je m’attendais, mais il est un très bon ouvrage de prospective.
Très réaliste dans son cadre et ce qu’il décrit, il nous propose une version pessimiste mais très crédible de ce que pourrait être notre futur proche. Et surtout, il nous exaspère à nous montrer l’envers d’un décors que l’on ne voit jamais, de notre côté de la barrière. L’incapacité des chercheurs à faire prendre conscience de l’urgence, l’impossible volonté des puissants à ne pas perturber l’ordre établi, le désespoirs des nations qui savent qu’elles n’ont pas tiré le bon numéro à la loterie de la géographie… Tout cela laisse à voir un futur qui n’est ni rose ni bleu, mais bien aussi sombre que la boue charriée par les pluis torrentielles créées par le changement climatique.
Les personnages nous sont présentés dans leur quotidien, presque banalisés, alors qu’on se rend assez vite compte qu’ils occupent des fonctions importantes. J’ai bien aimé suivre leur quotidien, qu’ils soient seuls ou en famille. Quelques préoccupations très futiles nous rappellent qu’ils sont humains, et qu’ils sont finalement comme les autres.
L’écriture est fluide et le livre se lit facilement, en dépit de quelques passages un peu longs et inutiles. L’auteur a semble-t-il voulu étoffer son univers en y apportant quelques scènes dispensables (scène de la suspension sur le mobile du hall pour aller rechercher une lettre, par exemple).
Quelques pistes sont esquissées pour la suite, ce qui m’a donné envie de la lire. J’espère que les portes ouvertes ici seront bien refermées et que l’histoire progressera de manière plus dynamique dans le tome 2.
Vu la situation dans laquelle l’auteur a laissé ses personnages à la fin de ce volume, il y a fort à parier que les choses ne font que commencer.

Pour qui : les lecteurs qui aiment les récits réalistes, et crédibles.

Les + : Des personnages très humains aux préoccupations à la fois ordinaires et extraordinaires, une plongée dans les coulisses de cet enjeu mondial que nous connaissons bien, une vision pessimiste mais crédible de ce qui nous attend. Le livre est plus facile à lire qu’un 2312, par exemple. Bien qu’initialement paru en 2004, ce titre reste tout à fait crédible, et l’est même plus que jamais, malheureusement.

Les – : Le pitch du roman et son résumé ne collent pas du tout à ce dont on nous parle. À la fin du livre, je n’ai toujours pas compris ce que sont « les 40 signes de la pluie ». C’est un peu comme si le concept, le résumé et le titre avaient été trouvés avant d’écrire l’histoire, qui est assez différente de ces trois éléments.

Infos pratiques
Éditeur :
Pocket (14 janvier 2021)
Langue : Français
Poche : 512 pages
ISBN-10 : 2266183559
ISBN-13 : 978-2266183550

2312, de Kim Stanley Robinson

2312, de Kim Stanley Robinson (one shot, éditions Actes Sud)

Swan est une artiste spécialisée dans la conception de biodômes destinés à accueillir de la population sur des planètes hors de la Terre. Un jour, sa grand-mère, Alex, scientifique reconnue, décède. En guise de cadeau d’adieu, elle laisse à Swan de mystérieux documents qu’elle doit transmettre à une partie de son équipe de travail. Mais Swan, dévastée par le chagrin, ne connait rien des fréquentations ni des motivations de sa grand-mère.
Cette quête de la vérité va l’entraîner sur bien des planètes et ce qu’elle va découvrir pourrait remettre en question toute sa conception de la vie.

J’ai reçu ce titre de la part des éditions Actes Sud sans m’y attendre, si bien que je ne savais justement pas à quoi m’attendre à sa lecture.
Une telle brique de SF (613 pages écrites en tout petit) me donnait envie de me plonger dans cet univers dépaysant. En cela j’ai été servie.
En effet, l’intrigue démarre fort. A la mort d’Alex, nous faisons la connaissance de Swan, sa petite fille éplorée qui cherche à faire son deuil. Or, Alex lui a laissé de drôles de messages. Qu’est-ce que cela signifie ? Sur quoi travaillait-elle ? Qui en veut à la cité de Terminateur ? Qui était cet inconnu aperçu sur un écran dans une zone où personne ne devrait se trouver ?
Alors que les premières pages posent une intrigue qui a tout pour faire un thriller palpitant, les choses s’enlisent. L’auteur commence à nous dépeindre un univers où les planètes sont petit à petit colonisées par l’espèce humaine, depuis longtemps échappée de son berceau originel qu’est la Terre. Une vision d’un monde plutôt noire dans laquelle l’auteur s’échine à nous en apprendre plus sur les techniques de terraformation, de colonisation, de peuplement (notamment à travers une magnifique scène où les animaux sont réintégrés sur la Terre dans des bulles), de commerce et de mœurs inter-espèces… Mais au détriment de l’intrigue, qui elle n’avance pas.
Kim Stanley Robinson pose pourtant des questions intéressantes au sujet de l’intelligence artificiel et de ses dérives. Il nous amène à nous interroger sur les robots, les programmes… tout cela est passionnant. J’aurais aimé en savoir plus, creuser encore davantage la question et le raisonnement. Mais non.
J’ai eu l’impression que cette intrigue n’était qu’un prétexte pour l’auteur afin de lui laisser construire son monde. Ainsi, le roman fourmille de longs passages descriptifs de planètes, de cultures et de systèmes de fonctionnement… dans lesquels j’avoue m’être perdue plusieurs fois en raison d’un décrochage d’attention. L’auteur coupe son roman avec des listes et des textes censés apporter un peu d’épaisseur à son univers, mais toutes ne sont pas faciles à comprendre. Par exemple la toute dernière promenade quantique (presque une purge à lire) semble révéler une information que j’étais excitée d’avoir décelée mais… en fait je n’en sais rien. Et la fin du roman ne vous en apprendra pas plus sur ce qui aurait pu être un sacré retournement de situation.
Car tout au long du roman l’histoire, elle, piétine. On n’avance pratiquement pas, et la romance instaurée entre les deux principaux personnages peine à convaincre.
En effet, les personnages du roman ne sont pas attachants. Je ne me suis pas attachée à eux. Swan, qui a pourtant du potentiel et qu’on nous présente au début comme très émotive, apparait très vite comme une femme au caractère bougon, peu appréciable et sans cesse de mauvaise humeur. Et ce n’est pas Fitz Wahram, constamment décrit comme un crapaud, qui remontera le niveau. Ce personnage aurait pu être attachant mais on sent que l’auteur lui-même n’y tient pas. Les personnages secondaires se perdent dans le récit et n’ont pas de reliefs.
2312, c’est une année. Une année dont on nous dit plusieurs fois qu’elle est charnière et qu’il s’est passé quelque chose.
Mais quoi ?
A la fin du roman, je n’ai toujours pas compris en quoi cette année méritait à ce point d’en faire un fromage. Bombardement d’une planète ? Entrée en guerre ? Épidémie ? Conflit diplomatique ? Prise de pouvoir de l’Intelligence Artificielle ?
Non, rien de tout cela.
En bref je n’ai pas réussi à cerner le but de ce texte, qui a pourtant beaucoup de bonnes pistes. Pourquoi avoir tracé de si intéressantes lignes si ce n’est pas pour aller au bout des choses ? Il y avait sans doute possibilité de développer bien plus l’intrigue sur les I.A et le travail à la mort d’Alex, mais l’auteur ne l’a pas fait. De plus, on ne retrouve pas la subtilité d’un Peter F.Hamilton, par exemple, ce qui confère des lourdeurs et des longueurs dans le texte.
Le plus décevant est que quelques jours avant le début de ma lecture, j’ai assisté à une conférence sur la SF au festival les Aventuriales à Ménétrol, où cet auteur a été cité comme étant un maître du genre. Dommage que cet ouvrage ne m’en ai pas donné l’impression. Une erreur de parcours ?
Il faudra lire un autre texte pour avoir un avis tranché sur le sujet, mais espérons qu’il sera moins épais que celui-ci.

Pour qui : les lecteurs qui aiment la SF et tout savoir de la création de mondes.

Les + : beaucoup d’informations sur le monde de fonctionnement d’un univers étendu dans notre galaxie, sur des cultures diverses et sur la création d’habitats viables sur d’autres planètes. On voyage beaucoup d’une planète à l’autre et il est appréciable de voir que l’auteur a su dépeindre la Terre d’une manière convaincante, bien que catastrophique.

Les – : des pistes abordées pas assez développées, une intrigue qui démarre bien mais se perd au fil du temps, des passages descriptifs très longs et qui n’apportent rien, des personnages auxquels on ne s’attache pas.

Infos pratiques
Actes Sud Littérature
Collection :
Exofictions
Sortie :
Septembre, 2017
Pages :
624 pages
traduit de l’anglais (États-Unis) par :
Thierry ARSON
ISBN :
978-2-330-07534-7

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