60 jours et après, de kim stanley robinson (t3 de la trilogie climatique)


60 jours et après, de Kim Stanley Robinson (T3 de la trilogie climatique, éditions Pocket)
Phil Chase a été élu Président des État-Unis d’Amérique et souhaite faite du changement climatique son combat principal. Sa vision moderne et active lui offre autant le soutien du peuple que son hostilité. Si bien que le jeune Président devra affronter des menaces plus terribles encore que la nature.
Entouré dans son travail par une équipe de chercheurs dont font partie Charly, Frank, Diane et les autres, ce dernier tome vient conclure une trilogie climatique où la politique et la science s’emmêlent à la recherche de résultats.
Il s’agit du dernier tome de cette série d’anticipation climatique écrite par Kim Stanley Robinson après Les 40 signes de la pluie, et 50 degrés au-dessous de zéro. Je dois avouer qu’à la longue, j’avais un peu hâte que cela se termine.
Non pas que le livre soit mauvais, mais parce que l’auteur continue de partir un peu dans toutes les directions, au point parfois de créer des longueurs, des péripéties auxquelles je n’ai pas accroché.
J’ai bien aimé ce dernier volume, qui s’inscrit parfaitement dans la ligne des précédents. Comme d’habitude, il nous permet de nous questionner sur notre présent, sur la catastrophe en cours, sur les solutions que nous pouvons/voulons apporter pour répondre aux problèmes et sur l’inertie des pouvoirs publics pour mettre en place des actions concrètes. J’ai apprécié que l’auteur nous fasse réfléchir, et qu’il distille parfois ses propres opinions à travers la bouche de ses personnages. Phil Chase a notamment un blog sur lequel il écrit des articles censés que j’aurais beaucoup aimé lire dans la vraie vie de la part d’un politique aussi puissant. Il m’a semblé lire dans cette histoire un semblant d’espoir, un peu d’optimisme pour le futur et j’ai apprécié que la trilogie ne soit pas complètement déprimante. Il est vrai que notre futur paraît sombre, et cette histoire ne s’en cache pas, mais alors que j’ai pu penser par moments que l’auteur allait nous proposer une vision très pessimiste de l’avenir, il a su distiller quelques notes d’espoir.
C’est comme toujours très bien écrit, facile à lire et à comprendre, y compris pour les non initiés. Car oui, Kim Stanley Robinson maîtrise ses sujets et écrit de la hard-fiction, cette science-fiction tirant d’avantage sur la « science » que sur la fiction, ce qui lui permet d’établir avec ses oeuvres des sujets prospectifs. Or, malgré la bonne dose de science développée dans ce nouveau roman, on arrive à suivre. Cela nous parle, puisque c’est notre quotidien. Il est donc plutôt logique que tout le monde s’y retrouve et se sente concerné. Bravo à l’auteur d’avoir su mettre à la portée de tous les lecteurs un sujet si complexe à appréhender.
Car complexe, il l’est bel et bien. Entre la science, la politique, et les histoires personnelles de chacun, Kim Stanley Robinson a eu beaucoup à faire pour développer son récit. Et c’est ce que j’ai à reprocher au texte. Certes, il y a plein de bonnes choses, mais elles sont noyées dans une masse d’informations superficielles dont on aurait très bien pu se passer. Certains arcs narratifs n’apportent rien, comme l’arc avec Caroline, que j’ai trouvé aussi inutile qu’insupportable (le personnage n’apporte rien, j’ai eu l’impression que cet arc avait été ajouté a posteriori sur demande de l’éditeur original pour mettre un peu de romance). Il faut donc faire le tri dans les informations données par le livre, ce qui rend la lecture parfois plate et longue.
La fin de cette trilogie est-elle vraiment une fin ? Je me demandais comment l’histoire allait se terminer. Comme vous vous en doutez, dans la mesure où il s’agit de tranches de vie, l’histoire continue en dehors des pages. Néanmoins, il m’a semblé qu’on pouvait considérer la série comme achevée selon certains critères (que je ne pourrai pas expliciter au risque de vous spoiler). J’ai donc apprécié globalement mon voyage avec ces personnages. Bien plus, en tout cas, que lors de ma lecture de 2312. Reste à savoir que la plume de l’auteur est un peu difficile d’accès quand on n’a pas l’habitude de lire des pavés de SF, c’est la raison pour laquelle je ne recommande pas cette série aux débutants. La science-fiction climatique semble avoir le vent en poupe actuellement dans les sorties littéraires, je suis curieuse de voir ce que d’autres auteurs proposent sur le sujet.
N’hésitez pas à me conseiller dans les commentaires.
Pour qui : les lecteurs habitués de grandes séries d’anticipation ou qui connaissent déjà la plume de l’auteur, les lecteurs qui aiment les histoires qui les questionneront sur leur vie actuelle et sur leur rôle à leur échelle.
Les + : des questions intéressantes, des réponses qui le sont tout autant avec des pistes sérieuses que je serais curieuse d’approfondir, des partis pris modernes qu’il faudrait soumettre à nos politiques.
Les – : des longueurs, l’auteur s’éloigne parfois de son sujet pour proposer des arcs narratifs mineurs et sans intérêt. Dommage que cela affaiblisse la concentration et l’intérêt pour le sujet original, plus grave, qui mérite toute notre attention.
Infos pratiques
Éditeur : Pocket (mars 2021)
Langue : Français
Poche : 704 pages
ISBN-10 : 2266210807
ISBN-13 : 978-2266210805