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Le royaume immobile – Le Paris des Merveilles 3, de Pierre Pevel

Le royaume immobile, de Pierre Pevel (tome 3 de la trilogie Le Paris des Merveilles, éditions Bragelonne)

A Ambremer, des élections approchent. Il s’agit de renouveler une partie du parlement des fées, dans lequel les mages peuvent siéger.
Tractations et débats sont ouverts des deux côtés de la frontière. Griffont apprend qu’il est en lice pour être élu alors qu’il n’est pas sûr d’être intéressé par la proposition.
Pendant ce temps, François-Denis de Troisville, le protégé de Griffont est soupçonné du meurtre d’un mage Incarnat avec lequel il devait se livrer en duel pour une sombre affaire qu’il ne veut pas révéler.
Tandis qu’à Paris, la communauté magique est en émoi, des terroristes sont bien décidés à faire passer leurs revendications par le sang, quitte à assassiner quelques magiciens au passage.

Ultime tome de la trilogie, je crois que c’est aussi celui que j’ai préféré.
Pierre Pevel a su glisser dans ce dernier volume d’avantage d’humour que dans les précédents, et l’histoire m’a semblé aussi plus agréable que la précédente, moins brouillonne.
Ici, on suit les péripéties des personnages pendant une période mouvementée de la vie parisienne. En OutreMonde comme en France, les esprits s’échauffent, causant bien des soucis à nos protagonistes.
Ce que j’ai apprécié, c’est qu’outre l’humour, on a peur pour nos héros. Peur de les perdre. Ce n’était pas le cas dans le tome précédent parce que la lectrice que je suis savais qu’il y avait encore un tome après. Or, là, ce n’est pas le cas. Tout peut donc arriver.
Et en effet, on va laisser des plumes dans ce dernier épisode.
Plus sombre, plus violent, et aussi plus construit que les précédents, les motivations des uns et des autres sont plus faciles à suivre. J’ai moins eu l’impression que l’auteur ajoutait des éléments seulement utiles au scénario. Ici Pierre Pevel réutilise ce qu’il a mis en place dans le passé pour servir son intrigue.
Même si parfois, il ne peut s’empêcher de sortir un sortilège ou un peuple de son chapeau pour faire avancer l’intrigue avec facilité, c’est un peu plus subtile que dans le tome 2.
J’ai pris plaisir à retrouver Griffont, Isabel, le duo Lucien et Auguste. Leurs interactions sont le sel de ces livres, et j’en voudrais encore car je ne m’en lasse pas.
D’ailleurs, j’ai été un peu déçue de voir que cette trilogie n’en est pas vraiment une. Pour moi, il s’agit plus d’une série de trois livres que d’une trilogie puisqu’aucun arc narratif global ne nous est conté dans ces romans. Ainsi, Pierre Pevel pourrait en écrire encore sans que cela ne casse quoi que ce soit (oui, j’aimerais beaucoup).
Malheureusement, le fait de m’être procuré l’intégrale de la trilogie en un seul volume laisse entendre qu’il n’y en aura pas d’autre. Je ne compte pas l’ouvrage Contes et récits du Paris des merveilles, écrit à plusieurs mains et sorti chez Bragelonne en 2019. Je parle de romans écrits par l’auteur original.
Côté ambiance, là non plus je ne me lasse pas. Ce Paris des merveilles est décidément enchanteur, et Pierre Pevel n’a pas son pareil pour raconter et mettre en ambiance.
Comme je l’ai dit dans ma chronique du premier tome, j’aime le ton employé pour raconter l’histoire. Nous avons un narrateur externe qui raconte comme si nous étions au coin du feu, et ne se prive pas d’agrémenter le récit de petits commentaires personnels des plus croustillants. Les descriptions sont immersives, il y a eu de la recherche sur le Paris de  1910 et cela se voit. Bref, on y est. C’est beau, plein de couleurs, de beaux tissus, de plumes et de grands chapeaux. J’ai adoré me promener dans cet univers, à pied ou à bord de l’un des engins cités.
J’ai découvert Pierre Pevel à l’occasion de ma lecture de ce cycle et suis désormais très curieuse de lire d’autres ouvrages de sa part.
Incontestablement une de mes lectures les plus marquantes de ce début d’année.

Pour qui : les lecteurs qui aiment les histoires originales, parisiennes, avec de la magie mais pas trop, de belles ambiances et de la gouaille. Inutile d’avoir lu les précédents tomes pour comprendre celui-ci même si leur lecture aidera la compréhension totale des subtilités de cette oeuvre.

Les + : on y retrouve tout ce qui fait le charme de la série, les relations entre les personnages sont toujours aussi savoureuses, l’ambiance y est parfaite et l’histoire plus simple à suivre, pleine de mystères que l’on veut découvrir.

Les – : Pierre Pevel se laisse encore aller parfois à la facilité d’ajouter ça et là des éléments qui viennent uniquement sortir le scénario d’une impasse, le fait qu’aucun arc narratif ne relie les 3 volumes.

Infos pratiques
Broché : 384 pages
Editeur : Bragelonne (20 mai 2015)
Collection : Steampunk
Langue : Français
ISBN-10 : 2352948509
ISBN-13 : 978-2352948506

L’élixir d’oubli – Le Paris des Merveilles 2, de Pierre Pevel

L’élixir d’oubli, de Pierre Pevel (tome 2 de la trilogie Le Paris des Merveilles, éditions Bragelonne)

En 1909, enquêtant sur le meurtre d’un antiquaire apparemment sans histoire, le mage Louis Denizart Hippolyte Griffont découvre que ce dernier pourrait bien avoir été la victime d’un ambitieux sorcier, Giacomo Nero. Ses investigations le ramènent à l’époque de la Régence jeune mage et gentilhomme libertin, il s’apprêtait alors à combattre une puissante société secrète, l’Éridan, en compagnie d’une nouvelle venue appelée à devenir son amie de cœur et complice, la déjà très mystérieuse et fantasque baronne Isabel de Saint-Gil. Les intrigues de l’Éridan et les menées de Nero seraient-elles liées, malgré le temps passé ? Griffont et Isabel, en s’opposant aux plans du sorcier en 1909, parachèveront une affaire qu’ils croyaient résolue depuis un siècle. Mais ce faisant, ils pourraient bien lever le voile sur un secret d’État susceptible de déclencher une nouvelle guerre, sur Terre comme dans l’Outre-Monde…

Ayant enchaîné ce tome 2 juste après le tome 1 Les enchantement d’Ambremer, j’ai aussitôt retrouvé l’ambiance si particulière qui m’a tant plu dans le premier tome. Cette ambiance Paris début 1900 avec une pointe de magie.
J’ai également retrouvé les personnages que j’ai apprécié dans le premier tome, le tout dans une nouvelle aventure.
Certes ce roman se passe après le premier, mais il s’agit à nouveau d’une aventure singulière. On ne peut pas dire qu’il y a vértiablement un fil rouge entre ces romans (et je parie qu’il n’y en aura pas non plus avec le dernier). En soit, ce n’est une trilogie que parce qu’il y a trois livres. Il n’y a pas d’histoire globale pour lier les romans et l’auteur aurait sans doute pu continuer indéfiniment sa série.
Pour en revenir à l’histoire, Pierre Pevel a innové dans ce roman par rapport au premier, en mêlant dans son intrigue des flashback ramenant le lecteur deux siècles en arrières, aux fondements de ce que nous connaissons déjà.
Si de prime abord on peut se demander comment il va réussir à lier l’ensemble, tout s’explique parfaitement à la fin. Ainsi, ce tome nous propose d’assister à la naissance des Cercles magiques, à la naissance du duo Louis/Isabel, ainsi qu’à la fin du règne de Titania. Cela permet de développer à la fois l’univers de la série mais aussi le passé des personnages.
J’ai beaucoup aimé, la encore.
La trame globale s’articule encore autour d’une série de meurtres dont les protagonistes vont suivre la piste à rebours, à la manière d’un fil que l’on tire d’une pelote. Chaque péripétie amène à la suivante, et ainsi de suite jusqu’à la résolution complète de l’intrigue. C’est peut-être le seul reproche que je ferai à ce titre : il répète si bien la formule du précédent que j’ai eu l’impression de lire la recette de l’élaboration du roman à travers les lignes.
Aussi, même si l’histoire globale est intéressante, j’ai eu l’impression qu’on partait de très loin pour arriver à destination, après avoir emprunté moult chemins dispensables. L’histoire m’a semblé plus tortueuse que la précédente, je me suis dit « tout ça pour ça », tant la débauche de moyens mis en oeuvre m’a paru disproportionnée par rapport au but recherché. Il y était sans doute possible de faire plus simple. J’ai failli me perdre plusieurs fois dans l’intrigue.
Aussi, plusieurs personnages m’ont donné l’impression d’être introduits uniquement pour servir le scénario. C’est le cas des minimets, sortes de liliputiens qui vivent dans les maisons. L’auteur passe beaucoup de temps à nous les présenter, pour finalement ne pas être très utiles. Seulement à boire un mauvais verre qui lancera l’enquête.
Beaucoup de bruit pour rien, en somme…
On notera l’apparition d’un nouveau personnage, un « grand méchant » qui occupe une bonne partie du récit au point de devenir une des grandes figures de la série : Giacomo Nero.
En bref, l’intrigue est un peu plus brouillonne que pour le premier opus mais elle permet quand même de nous en apprendre plus sur les personnages et leur passé. Cela reste donc très intéressant quand on aime à la fois l’univers et les personnages. J’ai apprécié cette lecture presque autant que la première et j’ai hâte d’entamer le troisième et dernier tome de cette trilogie pour voir ce qu’il réserve.

Pour qui : les lecteurs qui n’ont pas lu le premier tome pourront comprendre celui-ci, mais il est tout de même préférable d’avoir lu le premier. Les lecteurs qui ont apprécié le premier tome et qui aiment l’ambiance parisienne au début du XXème siècle, ainsi que les personnages magiques.

Les + : l’ambiance toujours aussi travaillée, l’épaisseur des personnage et leur psychologie, les bonnes idées et le style toujours aussi agréable.

Les – : l’intrigue est plus brouillonne, elle semble disproportionnée pour l’objectif final.

Infos pratiques (pour la version poche)
Broché : 432 pages
Editeur : Folio (6 avril 2017)
Collection : Folio. Science-fiction
Langue : Français
ISBN-10 : 2070793265
ISBN-13 : 978-2070793266

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