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Redemption, de Jean Vigne – Le dernier vampire tome 3

Rédemption, de Jean Vigne (tome 3 de la trilogie Le Dernier Vampire, éditions du Petit Caveau)

Le monde va mal et les vampires sont de plus en plus nombreux, de plus en plus assoiffés de sang et de pouvoir. Mais les humains n’entendent pas se laisser faire et préparent déjà la riposte.
Le dénouement est proche. Il n’y a qu’une planète et plusieurs races en convoitent la domination. La guerre va éclater, c’est une certitude, mais qui en sortira vainqueur ? Et d’abord, y aura-t-il au moins un vainqueur ?

Après mon coup de coeur pour Désolation, le premier tome, et mon enthousiasme sincère pour Résurrection, le second, c’est une très grosse déception pour ce dernier tome.
Attention, âmes sensibles s’abstenir, la chronique va être mordante et risque de faire perler un peu d’hémoglobine.
En effet, après avoir fermé ce livre, je suis fâchée. Oui, oui : fâchée. Toute rouge. Avec de la fumée qui sort de mes oreilles. Je suis fâchée après l’auteur, l’éditeur, et même après moi.
Je vous explique.
J’ai lu ce dernier tome longtemps après avoir lu les deux premiers (la chronique de Désolation date de 2012, celle de Résurrection 2013, je viens de lire Rédemption et nous sommes en 2018, j’ai donc mis un temps fou à lire ce dernier titre, pas par manque de volonté mais parce que j’avais beaucoup d’autres choses à lire et écrire entre temps). Mais on peut me pardonner puisque je suis une lectrice qui lit un texte figé sur papier.
En revanche, j’ai eu la sensation que l’auteur avait écrit son texte longtemps après les deux premiers. Ou bien est-ce moi qui ait la mémoire courte ? Quoi qu’il en soit, je n’ai absolument rien retrouvé dans ce tome de ce que j’appréciais dans les deux premiers.
C’est bien simple : tout est d’un foutoir sans nom. C’est l’impression que j’ai eu à la lecture et en fermant l’ouvrage.
Tout d’abord, je n’ai pas compris quels étaient les objectifs des différents protagonistes. Quel est le but du livre ? De quel point partons nous et vers quel point allons nous ? Si bien que j’ai eu du mal à écrire quelques lignes de résumé. Tout le long du livre, j’ai eu l’impression que les différents personnages vivaient leur vie et qu’il leur arrive des tuiles. D’accord, mais quel est le but ? Pourquoi font-ils ce qu’ils font ? Je n’ai pas compris. Le fil rouge ? Je ne l’ai pas vu.
Les personnages partent dans tous les sens, arrivent sans cesse dans l’histoire pour repartir aussitôt ou ne rien apporter de concret. Le tout sans compter le fait que j’ai eu l’impression de retrouver dans ce livre beaucoup d’éléments ou de personnages lus dans d’autres titres de l’auteur (comment ne pas penser, notamment, à Néa ? Ou à la plus récente Solana, d’Holomorphose ? Comme si l’auteur prenait les mêmes ingrédients qu’il ne mélangeait pas dans le même ordre).
On a Aurore qui au bout d’un (long) moment se met en quête de retrouver sa mère, et est accompagnée en cela d’Océane, dont on nous dit sans cesse qu’elle est agaçante. D’accord, mais à quoi sert ce personnage ? Je n’ai pas vu son utilité. Il lui pousse un caractère ou des capacités uniquement quand cela arrange le scénario. Ce n’est pas cohérent.
Aurore, quant à elle, a tout d’une Néa sans nuances.
Virginie… je n’ai pas non plus compris son objectif, son but, ses motivations ? Il lui arrive beaucoup de malheurs, une fois encore l’auteur ne ménage pas ses personnages, mais ensuite ?
Quant à Jean, dire qu’il est carrément dans les choux n’est pas de trop. Encore que c’est à peu près le seul dont on finit par comprendre l’objectif.
Je ne vous parle ici que des personnages principaux, car il y en a des dizaines dans tout le livre, que rien ne distingue réellement. Où sont passées les bonnes idées du premier tome ?
Côté style, c’est un peu comme si vous passiez 3 heures à chanter une chanson en hurlant d’un bout à l’autre : pas de nuance et ça finit par être très très long et même un peu pénible.
En effet, on est dans le vulgaire du début à la fin, tous les personnages ont les mêmes tics de langages pas forcément modernes, en plus, alors que nous sommes en 2130 (« ma belle », « chienne », « gamine », « catin »….) y compris quand les individus viennent d’époques différentes. On a de l’insulte et de la grossièreté de toutes parts et à toutes les lignes, si bien qu’à la longue, on n’y prête même plus attention et on se lasse. Le seul souci, c’est qu’on en vient à ne plus trop savoir qui parle ni quel est son passif (j’imagine qu’un vampire qui a vécu à Versailles ne devrait pas s’exprimer de la même manière qu’un vampire né en 2100, si ?). Cela ne m’aurait pas dérangé si c’était justifié, mais ça ne l’est pas vraiment. L’auteur s’est perdu dans un texte dans lequel il a trop voulu pousser les côtés « vices » et « luxure ». Au point que tous les personnages s’expriment avec la même voix et la même tonalité.
L’impression dominante est qu’il n’y a aucune finesse, tous les personnages sans exception ne sont que des brutes épaisses qui ne pensent qu’au sexe. C’est triste, mais j’étais contente d’en finir avec eux, et je me suis même souvent dit qu’ils n’avaient que ce qu’ils méritaient.
Côté narration, là encore c’est le bazar. Si j’en crois le résumé, l’accent est mis sur le personnage de Virginie. Alors pourquoi la première personne est-elle utilisée pour Aurore et Jean et pas pour elle ? Pourquoi pas pour tous le monde ou personne ? Car cette narration donne surtout l’impression que tout le monde est important sauf Virginie. Il faut dire aussi que son histoire, son absence de motivation, nous la rend complètement transparente. De même, le titre nous parle de « Le Dernier Vampire ». A l’origine il s’agissait de Jean, mais on en est arrivé à un point où Jean est un personnage plus que secondaire, qui finit par quitter l’intrigue, et surtout on est très loin d’un unique vampire puisque la planète est de plus en plus peuplée de ces créatures. Là encore il y a quelque chose qui ne va pas. Si message il y a, il est tellement brouillé par tous les éléments que je ne l’ai pas vu.
Voici globalement ce que j’ai pensé du fond, mais malheureusement la forme ne rattrape pas ce constat de cacophonie brouillonne. En effet, c’est rare que je le remarque (et généralement quand je le remarque ce n’est pas bon signe), mais on manque ici singulièrement de relecture. J’ai arrêté de compter les fautes d’orthographe au bout de quelques dizaines, et les erreurs de langage également. « Le temps suspend son envol »…. Non. « Respirer la flagrance »… Non. Le temps suspend son VOL et un parfum est une FRAGRANCE. Je ne vous ai mis que les deux erreurs que j’ai retenu mais il y en a d’autres. Je me suis demandée si ce texte avait été relu et corrigé. Il semble avoir été écrit d’un trait, presque à main levée, et publié tel quel.
Le Petit Caveau m’a habitué à mieux, vraiment, et je suis déçue par cet ouvrage qui mériterait un gros travail éditorial, à mon sens. Jean Vigne m’a habitué à tellement mieux également.
Pour finir, je suis en colère après moi parce que je m’étais fait une joie de lire ce dernier titre après tout le bien que j’avais pensé des deux premiers, et j’ai l’impression de m’être trompée. J’ai horreur de cela.
Voilà en bref les raisons de ma colère.

Pour qui : les lecteurs qui ont lu les deux premiers et désirent ardemment connaître la conclusion de la trilogie.

Les + : On retrouve les personnages des précédents épisodes et une Terre post-apocalyptique.

Les – : Le livre part dans tous les sens, sans nuance ni cohérence. Je n’ai pas retrouvé les bonnes idées des premiers tomes, et il manque cruellement de relectures éditoriales sur le fond et la forme. Les personnages finissent par ressembler à d’autres personnages d’autres séries du même auteur.

Infos pratiques
Broché: 350 pages
Editeur : Editions du Petit Caveau (6 avril 2015)
Collection : Miroir de sang
Langue : Français
ISBN-10: 2919550896
ISBN-13: 978-2919550890

Manus Dei, Neachronical T3, de Jean Vigne

Manus Dei, de Jean Vigne (tome 3 de la trilogie Neachronical, éditions du Chat Noir)

Après un séjour dans un tombeau en compagnie d’un chevalier décédé, le moins qu’on puisse dire, c’est que Néa n’est pas contente. La vengeance sera son obsession lorsqu’elle sortira de ce cercueil de pierre.
Elle voudra comprendre, aussi. Comprendre pourquoi elle, pourquoi tout cela ?
Propulsée dans un futur sombre et délirant en compagnie de sa fidèle amie, elle n’aura d’autres choix que d’affronter le passé pour sauver l’avenir.

Ce dernier tome de la trilogie Neachronical nous entraîne une fois encore à travers les époques. Fidèle à lui-même, Jean Vigne dépeint une héroïne remontée et « badass » partie pour en découdre avec la terre entière.
Si vous avez apprécié Post Mortem, le tome précédent, celui-ci est dans sa lignée. L’histoire mêle en effet notre présent au passé arthurien. On trouve donc les plus grands personnages de l’époque médiévale, portés par le trio Merlin/Morgane/Viviane.
Le tome révèlera grâce à des flashback les motivations finalement très terre à terre des protagonistes, ce qui constitue par rapport au premier tome Memento Mori, un changement significatif. On est passé d’un texte d’urban fantasy à un texte de fantasy à la fois « classique » et « futuriste ». L’auteur mêlant les époques pour produire une seule et même histoire. Les fans du premier tome et de son ambiance pourront être déroutés par ce titre qui vient malgré tout fermer la série avec une grande cohérence. La rupture entre le premier et le second tome est si franche que seuls les lecteurs ayant adhéré au deuxième opus pourront apprécier celui-ci.
En ce qui me concerne, au-delà de l’histoire, c’est surtout Néa que j’ai apprécié. De tous les romans de l’auteur, je crois que c’est l’héroïne à laquelle je me suis le plus attachée. Ce n’est pourtant pas sa seule héroïne rousse, mais ici elle est carrément terrible. L’histoire de sa vie est tellement pleine de rebondissements, ses pouvoirs sont intéressants, et son adolescence volée si touchante. Cet attachement créé dès le premier tome a été pour moi source de frustration dans ce dernier tome où l’intrigue est partagée entre trois époques et autant de galeries de personnages. Bien qu’ils soient tous liés, Néa n’existe véritablement que dans un seul de ses tiers. On la voit beaucoup moins que dans les premiers tomes, ce qui est un peu dommage. Les personnages centraux de ce dernier opus sont Merlin et Morgane, le couple diabolique à l’origine de toute la série. On remonte dans le temps pour répondre à une question importante : « comment en est-on arrivé là ? ».
J’ai un peu moins adhéré au personnage d’Hesat l’égyptienne, qui n’apporte pas grand chose. Certaines pistes auraient peut-être gagnées à être moins complexes, leur base étant relativement simples. Cela aurait probablement donné plus de place à Néa pour s’épanouir et proposer un final flamboyant.
Car en ce qui me concerne, j’ai trouvé le final assez plat et même un peu convenu. Rien ne dépasse, certes, mais venant d’une héroïne comme Néa, c’est presque un peu trop guimauve. Je m’attendais à un feu d’artifice, à une Excalibur plus meurtrière que jamais, à du sang, des têtes qui volent et un festin pour Grognon, mais non. Comme si l’intrigue, qui s’est un peu éparpillée au fil des tomes, a fini par se dissoudre elle-même dans toutes les directions, tel les branches d’une fleur de feu d’artifice. Bien sûr ce n’est que mon avis. Il n’en reste pas moins que j’ai ressenti un petit pincement au coeur au moment de fermer le livre à l’idée que je ne reverrai plus Néa et son tigre. J’attendais aussi beaucoup de Juliette, mais elle a été victime de la grande quantité d’éléments et connaît une fin qui m’a laissée plutôt indifférente.
Le style de l’auteur est comme toujours maîtrisé avec sa propre musicalité. Ces constructions inimitables de phrases « dont » il ne se lasse pas rendent le texte identifiable dès les premières lignes.
Néanmoins, l’histoire, originale à plus d’un titre, souffre peut-être de ce qui est aussi sa grande qualité. Jean Vigne n’a pas voulu faire du réchauffé et c’est ce qui le caractérise. Vous pourrez chercher, cette histoire ne vous rappellera rien de ce que vous avez déjà pu lire. Surprise garantie ! Toutefois, cette originalité semble parfois un peu partir dans tous les sens. Et là où on avait une intrigue peut-être plus classique dans le premier tome (encore que) et complètement liée, elle apparaît presque décousue ici. Avec le découpage des chapitres, il m’est arrivé de me demander pourquoi on était dans le bureau du Président de la république ? Que cherche à faire Merlin, déjà ? Et pourquoi est-il allé réveiller l’égyptienne ? Quel rapport avec la Dame du Lac ? Et pourquoi Néa n’est pas d’avantage liée à Viviane ? Quel est l’intérêt de la partie sur la police ?
Certes tout est lié, mais parfois de manière tellement subtile que cela n’en est plus utile. Un fourmillement de détails qui prête parfois à confusion et m’a un peu perdue, avant que je ne retrouve mon chemin.
N’en reste pas moins que la trilogie sait embarquer le lecteur dans une histoire haletante et pleine de rebondissements. Je conseille de la lire d’un seul tenant pour profiter pleinement de l’intrigue et ne pas vous perdre. Je plaide coupable sur le fait que j’ai probablement mis trop de temps entre chaque tome et que j’ai pu perdre des éléments entre chaque, ce qui a participé à mon sentiment de confusion, parfois.
Quoi qu’il en soit Néa est incontestablement une héroïne que je ne suis pas prête d’oublier !

Pour qui : les lecteurs qui ont lu les premiers tomes.

Les + : une héroïne toujours aussi charismatique et accrocheuse très attachante, une histoire originale qui ne sent pas le « déjà lu », un style fluide et une véritable signature stylistique, des rebondissements en pagaille.

Les – : L’alternance de points de vue donne moins de visibilité à Néa et certaines scènes sont un peu confuses.

Infos pratiques
Broché: 370 pages
Editeur : Editions du Chat Noir (1 avril 2015)
Collection : GRIFFE SOMBRE
Langue : Français
ISBN-13: 979-1090627710

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