Contes épouvantables & Fables fantastiques, de JP Volpi

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Contes épouvantables & Fables fantastiques, de JP Volpi (one shot, éditions Chloé des Lys)

Recueil de 13 textes originaux et éclectiques allant de l’horrifique au fantastique.

Ces Contes épouvantables & fables fantastiques sont pour moi l’occasion de faire connaissance avec JP Volpi, auteur que je connaissais de nom pour avoir déjà chroniqué beaucoup d’ouvrages de l’éditeur Chloé des Lys, sans pour autant l’avoir lu personnellement.
Globalement l’auteur a un style agréable à lire sauf dans certaines conjugaisons de verbes. JP Volpi semble préférer les tournures type « elle eût pu » au lieu de « elle aurait pu ». Ce souci gène la lecture et brouille la concordance des temps dans le texte, ce qui donne à chaque fois une drôle d’impression, surtout dans les dialogues. Dans l’un des textes, on peut par exemple lire :  » Pour ma part, j’eusse fait soulever les mers, et les océans… « , ou « – J’eusse pu occasionner tant de souffrances ». Cette utilisation abusive du subjonctif au lieu du conditionnel rend les répliques peu naturelles et bancales, comme si le texte évoluait sur plusieurs niveaux de temporalités qui n’avaient rien à voir entre eux. Aussi, j’ai pu noter l’utilisation de points de suspension au lieu de virgules. Certes, cela donne peut-être une narration oralisée, mais donne aussi une impression étrange à la lecture, comme si les personnages ne finissaient jamais vraiment leurs phrases.
JP Volpi a donc un style auquel il faut adhérer. Personnellement je regrette ces petits défauts qui, s’ils ne gêneront pas la lecture d’une partie des lecteurs, m’a personnellement déconcerté. Le texte est bien moins littéraire que si cela était corrigé. Ce n’est que mon humble avis bien sûr, et il ne remplace en rien celui de Chloé des Lys qui a édité le texte ainsi.

Terreurs nocturnes : L’auteur ouvre son recueil avec cette nouvelle originale où tout bascule rapidement. De bonnes idées, mais peut-être amenées un peu maladroitement, surtout sur la fin. Différents niveaux de lecture s’entremêlent (récit/auteur du récit/auteur de l’ouvrage) mais on finit par s’y perdre un peu. L’ensemble reste cependant intéressant pour une ouverture.

Un amour au-delà : Une nouvelle romantique qui s’insère étrangement dans le tableau du recueil. On ne s’attend pas à trouver un texte où l’amour est au centre du sujet sans basculer dans l’horreur. Pour autant, cette petite nouvelle se lit vite et laisse un sourire plaisant grâce à sa note optimiste.

Il : Premier texte en-dessous des autres. Il comporte de nombreux clichés et si l’on ne s’attend pas absolument à la fin, on peut la deviner. Les éléments arrivent un peu comme un cheveux sur la soupe et ne s’enchaînent pas toujours de manière fluide. D’ailleurs la fin du texte est brutale, comme si ce texte n’était qu’une première partie.

Erzsébeth : Un texte inspiré des contes des frères Grimms et qui se termine de manière inattendue.

Le forain : Cette nouvelle est originale et bien construite. Ce texte surprenant mélange plusieurs atmosphères pour créer un ensemble qui laisse le lecteur mal à l’aise. Mission accomplie !

Rouge Chlorophylle : Une bonne idée que de mêler horticulture et nouvelle sanglante. Il y a de bonnes idées dans ce texte qui aurait gagné à être un peu plus développé, notamment autour du personnage d’Angela qui n’apporte finalement pas grand chose à l’intrigue.

Le tableau de Bouguereau : Un texte sympathique qui amène toutefois plus de questions que de réponses. Mais est-ce seulement le but ?

Parce que c’était lui : Un texte à la thématique qui sort de l’ordinaire. Malheureusement j’ai trouvé le dénouement un peu trop facile, et encore ces problèmes de temps qui m’ont dérangés dans ma lecture.

La statue : Du sang, beaucoup de sang et de la mythologie. Un texte gore.

Megaselachus : LA nouvelle du recueil. Ce texte est plus long que les autres et c’est tant mieux ! Un milieu, un début, une fin, des personnages plaisants, des situations cohérentes et des scènes « d’horreur » plus modestes et crédibles que dans les autres textes. Cette histoire est certainement l’histoire à retenir du recueil.

Mauvaises graines : Comme pour la nouvelle précédente, celle-ci est plus aboutie, plus travaillée. Si l’on passe outre la temporalité récurrente, on a dans ce texte quelques personnages constitués d’une famille et de quelques personnages secondaires. La thématique des jumelles maléfiques n’est pas nouvelle mais bien traitée avec une chute intéressante. La révélation des filles aurait pu être un peu plus fine mais l’ensemble reste fluide et cohérent. Encore un bon texte !

Amiko et l’ange gardien : Un texte émouvant et plein de gentillesse qui nous parle d’une petite fille et d’un amoureux pas comme les autres.

666 et point final : Un texte intéressant avec de bonnes idées. L’avoir placé à la fin est une très bonne idée. Plus long que les autres, il permet de s’immerger complètement dans un univers plus travaillé et fourni. Un bon point qui nous fait terminer l’ouvrage sur une bonne note.

Finalement, la seule chose que je pourrais vraiment reprocher à ce recueil est le manque de lien entre certain textes et l’ensemble du produit, présenté comme un recueil très « horrifique ». La couverture est sans équivoque, et le début de chaque texte est illustré d’une silhouette d’oiseau (un corbeau ?) en vol. Une symbolique très connotée « horreur » alors qu’on n’en trouve pas dans plusieurs textes.
Certes il est écrit « Contes épouvantables & Fables Fantastiques » mais le roman n’est pas équilibré pour offrir la même dose et plusieurs nouvelles s’insèrent mal dans l’ambiance générale.

Pour qui : Les lecteurs qui aiment les recueils de nouvelles courtes et originales.

Les + : De bonnes idées et un rythme rapide qui sait tenir en éveil la curiosité du lecteur.

Les – : Un style particulier auquel il faut adhérer.

Infos pratiques
Pages : 
244
Référence : 978-2-87459-805-0

5 Commentaires

  • Le bonjour et merci infiniment pour votre critique que je trouve, ma foi, très positive.
    Je suis ravi que vous ayez adoré certaines des nouvelles – j’aurais aimé que ce soit le cas pour « IL », car c’est de loin ma nouvelle préférée du recueil et j’y ai apporté le plus grand soin… Effectivement, il s’agit d’une première partie – les personnages reviendront, mais je ne puis en dire plus pour l’instant !
    Ravi d’avoir tapé dans le mille avec Le Forain et surtout Megaselachus, car j’ai une peur panique des requins… Comme vous l’aurez lu à la fin, c’était un hommage au 7e Art.
    Pour simplement vous apporter une précision quant à ce manque de lien que vous soulignez, c’était un choix, une symbolique. 13 nouvelles, dont trois nouvelles plus romantiques. 13 : chiffre qui parle par lui-même. 3 : ce chiffre évoque la Trinité.
    Je suis peut-être superstitieux !
    Encore un grand merci d’avoir pris le temps de lire mon recueil et pour votre plaisante critique.
    Je vous souhaite une excellente semaine.
    Bien amicalement, J. P. VOLPI

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    • Bonjour et merci pour le commentaire, je comptais vous faire parvenir le lien de la chronique dans la soirée. Seriez-vous disposé à répondre à quelques questions en vue d’une interview ?
      Pour répondre à votre commentaire j’avais saisi la symbolique du chiffre 13, que j’ai trouvé indispensable au livre car elle s’insère très bien dans l’ambiance. En revanche je n’ai pas vu les 3 nouvelles romantiques et la partie sur la trinité car elles se mélangeaient au milieu des autres textes.
      Cela dit j’ai effectivement passé un bon moment de lecture 🙂

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  • Un livre que j’ai beaucoup aimé parce que très différent de ce que l’auteur a déjà écrit et éloigné de ce qui se fait aujourd’hui. Je suis d’accord avec vous pour dire que le recueil est plus « fantastique » ( « l’horreur » en tant que telle est quasi absente même si une nouvelle est « gore ») et que les nouvelles sont inégales : certaines m’ont marquée, d’autres se sont effacées. Plusieurs textes m’ont rappelé des écrits du 19e un peu comme le style de l’auteur, atypique.

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    • Bonjour Christine et merci pour le commentaire. Effectivement pour avoir suivi les parutions de cet auteur je crois que cet ouvrage est le seul qui puisse vraiment trouver sa place sur mon blog. Quant à son style atypique, je suis tout à fait d’accord avec vous. =)
      A vrai dire là où j’ai été surprise est que je m’attendais d’avantage à un recueil tel qu’en a publié l’auteur belge Frederic Livyns (voir chroniques sur le blog). Mais chaque auteur a son style et c’est aussi ça la force de la littérature 🙂 Bonne journée

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  • Merci Christine – ça me touche énormément ce que tu écris dans ta toute dernière phrase… Je n’ai nullement la prétention d’égaler les auteurs du 19e siècle, loin de là, et vu qu’on vit au 21e, nous sommes bien obligés d’aborder les choses telles que nous les vivons à notre époque: Internet, j’en passe et des meilleurs, mais il est vrai que j’ai la nostalgie des écrits du 19e… J’essaie donc de réussir à mêler écriture « moderne » et « classique »… D’où mon emploi, en cas de conditionnel par exemple, du passé seconde forme : il eût été, tu eusses été, plutôt que « il aurait été », que je n’aime pas du tout en tant qu’auteur. Encore une fois, c’est un choix totalement assumé.

    @ Limaginaria – pardonnez-moi de m’adresser à vous ainsi ! – : avec un IMMENSE plaisir pour répondre à vos questions ! Et encore un grand MERCI pour votre critique ; il est important pour un « jeune » auteur d’avoir l’avis de personnes extérieures, car après tout, on écrit aussi pour « l’autre ». L’écriture est merveilleuse en ce sens : elle est à la fois un plaisir égoïste, ou un besoin… et un échange. Dans l’attente de vos questions, je vous souhaite une excellente soirée !

    Mes amitiés, J. P.

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