L’ours et le rossignol, de Katherine Arden

L’ours et le rossignol, de Katherine Arden (one shot, éditions Denoël)

Dans un village russe, loin de Moscou, une mère accouche d’une fille. Son ultime cadeau au monde avant de s’éteindre.
Marina, la femme de Piotr, promet à son mari avant de mourir que leur fille sera unique.
Ainsi naît la petite Vassia. Plus elle grandit et plus la petite fille développe des dons uniques. On la dit sorcière, on la prétend tentatrice.
En effet, Vassia peut voir les démons et les ombres qui entourent le village, prêtes à se refermer sur lui et à engloutir tous ses habitants.
Il faudra à beaucoup de courage à Vassia pour prendre son destin en main contre les cages dans lesquelles on essaiera de l’enfermer, et sauver les siens.

Je ne lis pas souvent d’ouvrages ayant pour décor le vaste pays-continent qu’est la Russie. Cet ouvrage est une exception particulièrement immersive dans un monde immense et rude, froid, lointain aussi bien géographiquement que temporellement.
Katherine Arden a placé son texte dans une époque lointaine, médiévale, celle où les femmes étaient mariées par intérêt et où les paysans qui avaient des terres régnaient sur leur village.
On est très vite plongé dans l’ambiance de ce pays grâce à l’utilisation de termes tout à fait typiques, mais aussi des descriptions pointues, précises, fines et ciselées qui nous plonge dans cet univers glacé dès les premières pages. J’ai plusieurs fois retrouvé un peu de l’ambiance russe présente dans la série de James Rollins et Rebecca Cantrell des Sanguinistes.
Katherine Arden mêle à son texte des contes et légendes du floklore russe. Je dois avouer ne pas suffisamment les connaître pour avoir un avis sur leur exploitation ici. Tout ce que j’en sais, c’est que cela a rendu le texte très dense.
Voir trop dense.
En effet, il y a énormément d’informations et d’éléments dans le livre. Entre les gens, les démons, les chevaux qui parlent, les pouvoir de Vassia… l’ensemble m’a parut un peu trop confus.
Ce qui m’a manqué, c’est l’absence d’un fil conducteur. Sur la forme, le livre est très bien écrit, immersif etc… mais je ne savais pas où on voulait m’amener. Où vont les personnages ? A quoi sont-ils promis ? Je ne comprenais pas à quoi servait l’histoire. J’ai lu un peu par obligation, pour voir où tout cela allait mener. je pensais que les éléments finiraient par s’assembler à la fin, comme un puzzle, ce qui a été plus ou moins le cas, mais pas vraiment.
De fait, plusieurs scènes, assez longues, n’ont pas tellement d’utilité dans le roman. Celui-ci n’est pas très épais (350 pages) et se déroule pourtant sur une quinzaine d’années. On passe ainsi d’année en année, de personnage en personnage, assez rapidement, sans prendre le temps, et c’est ce qui m’a manqué.
Le personnage de Konstantin reste sous-exploité. J’en attendais plus, mais il se fait éclipser à la fin par les deux frères-démons. Pourquoi insiste-t-on autant sur le fait qu’un des frères de Vassia veut devenir prêtre et se retirer du monde ? J’ai longtemps pensé que l’on allait nous faire surgir une figure à la Raspoutine (on parle bien d’ours), mais non.
Néanmoins, L’ours et le rossignol, comme le laisse penser son titre, est tout en poésie et en allégories. Une poésie froide, cruelle, et éprise de liberté.
Le personnage de Vassia est incontestablement moderne. C’est une femme qui, à cause de son désir de vivre par elle-même, sera menacée, mise au ban d’une société qui la regardera comme une sorcière, un démon. Parce qu’elle n’entre dans aucune case, on voudra l’éloigner, s’en débarrasser, voir la tuer.
Je n’ai pu m’empêcher de trouver dans ce récit médiéval un écho moderne. Les démons sont toujours là, prêts à dévorer les êtres différents, ceux qui n’auraient pas la force de se battre pour les idéaux.
En bref, L’ours et le rossignol est une lecture qui fait se poser des questions, tout en découvrant un territoire encore trop inexploré pour nous autres européens de l’ouest.

Pour qui : les lecteurs qui aiment les contes, les lectures hivernales, la russie et son ambiance si particulière.

Les + : la figure de Vassia, femme libre et qui prend son destin en main, un style impeccable, immersif, des descriptions parfaites et des personnages émouvants.

Les – : beaucoup trop d’éléments dans l’ouvrage, et il manque un fil conducteur pour donner l’intérêt de tourner les pages.

Infos pratiques
Broché: 368 pages
Editeur : Denoël (17 janvier 2019)
Collection : Lunes d’encre
Langue : Français
ISBN-10: 2207143937
ISBN-13: 978-2207143933

 

4 Commentaires

  • J’avoue que ça couverture m’a tapé dans l’oeil et les premiers retours sont encourageants

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  • Han, autant l’avis de Lutin82 m’avait bien donné envie, autant ton commentaire sur ce livre me refroidit un tantinet. Bon, je verrai les avis généraux pour me faire une idée définitive car il semble plein de promesses mais les longueurs, voilà quoi (après, il en faut pour raconter des « tranches de vie » comme j’appelle ça, pour donner une impression d’authenticité et ne pas cibler uniquement l’action ou le but du récit).
    Belle chronique !

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    • Merci ! Oui je pense qu’on ne peut pas se fier qu’à une seule chronique pour se faire un avis sur un livre. Tout dépend de ce que l’on cherche 🙂 N’hésite pas à me dire ce que tu en auras pensé quand tu l’auras lu.
      Bon dimanche =)

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